The bark that led me to chaos (Ft. JamieChat)

Comme la vie est ironique, non ? La vie va bien, la vie est à nouveau belle, la vie semble redevenir intéressante et pleine d’espoir. Mais la vie en a marre et fait en sorte que tout aille mal à nouveau. Pourquoi ? Pourquoi faut-il toujours souffrir, toujours avoir mal, ramasser, tomber et tomber encore et encore ? Certainement pas pour le simple plaisir de devoir se relever, nous sommes d’accords ? Alors pourquoi ?

C’est ce que Lucy s’est demandé aujourd’hui.

Tout avait pourtant bien commencé. Elle s’était levée aux aurores, comme tous les matins. Elle s’était préparée comme elle l’aurait fait autrefois, dans une autre vie, avec un peu moins de confort peut-être. Elle avait ensuite retrouvé sa famille pour un petit-déjeuner tout en douceur, discussions légères, tout en espoir. Elle avait ensuite pris la route du travail, flânant sur les chemins tout en se disant que la vie était plus belle, plus douce, moins stressante. Elle avait retrouvé ses bêtes du jour, cette fois-ci, les poules. Elle avait déjeuner avec ses collègues, avait ri, tellement ri, ça faisait du bien. Et puis le soleil était gentiment descendu et le temps de rentrer avait sonné.

Elle flânait une fois encore sur le chemin du retour, le nez en l’air, à admirer les nuages, les oiseaux qui volaient d’un arbre à l’autre. Au loin, elle entendait le bruit des vagues qui claquaient contre les côtes. Elle se serait crue en vacances.

Mais soudain, elle entendit assez proche, un aboiement insistant. Elle savait qu’ici, de nombreux chiens étaient venus avec leur famille ou s’en était trouvé une nouvelle. Donc si un chien avait un problème, elle voulait l’aider pour le ramener en sécurité auprès des siens. Elle suivit donc son ouïe et petit à petit, les aboiements furent si proches qu’elle en eut presque mal aux oreilles. Ce chien avait un problème, c’était certain.

Elle se retrouva devant une cabane qui semblait en mauvais état. Elle voyait la toiture qui menaçait de tomber et son cœur s’emballa. - Hey ! Viens ici le chien ! Plusieurs fois, elle tenta d’appeler le chien inconnu mais celui-ci semblait simplement aboyer de plus belle.

Soudain, un craquement se fit entendre suivi d’un couinement de chien. - Fait chier. Sans réfléchir, Lucy se lança dans la cabane et appela encore le chien. Elle ne pouvait se résoudre à laisser cette pauvre bête ici alors qu’il pouvait être coincé ou blessé. Elle évolua avec prudence entre les petites pièces tout en suivant son instinct. Autour d’elle, tout craquait et elle ne se sentait pas en sécurité. Mais il le fallait.

Au bout de quelques minutes de galère, au milieu de quelques débris, elle vit enfin le chien. - Rocky ? Elle se souvenait de ce chien, de son maître malentendant et des anciens de la Lyssa. - Mais comment tu t’es retrouvé ici… Elle regarda au-dessus d’elle et observa la poutre qui semblait vouloir céder d’une minute à l’autre. - Bon, va falloir faire vite si on veut pas crever ici… Ca serait con après tout ce temps à échapper aux zombies, non ? Elle s’approcha encore puis commença à déblayer les débris qui bloquaient le chien. Ce fut rapide, heureusement, et avant de l’encourager à fuir, elle fit un petit check de son corps pour contrôler qu’il ne soit pas blessé. Il ne semblait avoir que quelques petites écorchures sans conséquences.

Elle soupira alors, Lucy, soulagée, avant qu’un autre craquement ne la fasse se lever en panique. - Vite, faut pas qu’on traîne ici ! Elle l’encouragea à déguerpir devant elle et elle le suivit. Mais le craquement se fit plus fort et la poutre qu’elle avait observer il y a quelques minutes céda, coinçant la jeunette dans son parcours. Lucy laissa échapper un cri, puis un deuxième alors que d’autres débris suivirent la route de la poutre. Non loin, Rocky aboyait et semblait vouloir l’aider à son tour. - Essaie de trouver quelqu’un ! Allez, vas ! Elle ne savait pas si le chien comprendrait ce qu’elle lui racontait, mais il semblait avoir compris l’idée. Il tourna les talons en aboyant et partis.

Lucy ne put alors s’empêcher de penser à sa famille. - T’es vraiment trop conne… Son dos lui faisait mal, elle sentait ses jambes coincées et du liquide semblait couler sur son visage. T’es dans de beaux draps Lucy….

Les minutes passent, le temps semble se distendre. Lucy attend, le mal s’immisçant dans sa tête, le long de sa jambe et frappant son dos. La poutre la maintient au sol dans une position désagréable mais ça ne semble être qu’un détail aux yeux de Lucy. Elle a mal et elle sait qu’il y aura des conséquences. Physiques, mais morales. Des représailles, de sa famille surtout. « Que faisais-tu là, pourquoi t’es partie toute seule, pourquoi t’y es allé alors que tu voyais que la cabane ne tenait pas bien… » Pourquoi t’as été aussi conne surtout, Lucy ? Ta sœur te dirait « Pour un chien en plus ! » et a-t-elle raison ? Non. Pas aux yeux de Lucy pour qui les animaux devraient se trouver sur le même niveau que les humains. Un bon chien comme Rocky mérite-t-il moins sa place ici qu’un connard comme Seth ? Sûrement pas. Surtout que lui au moins veut la voir en vie.

Elle soupire, sentant la douleur se propager toujours plus. Petit à petit, elle sent une nouvelle douleur dans son bras, sa tête lui tourne et elle voit le sang tomber au sol et former une petite flaque. Bordel. Dans un élan d’adrénaline, elle tente de soulever la poutre, au moins la décaler vers le bas pour qu’elle ne compresse plus son dos ainsi, mais elle ne bouge même pas d’un millimètre. Alors la douleur cède sa place à la panique et déjà, Lucy s’imagine morte. Une larme roule sur sa joue tandis qu’elle s’énerve contre sa faiblesse. - Tu pouvais pas être plus forte putain !

Mais le calme revient, elle réalise bien que s’énerver ne sert à rien, que bouger ne fera qu’empirer les choses. Alors elle patiente, encore. Avec l’espoir que Rocky trouvera quelqu’un et qu’il n’est pas parti ailleurs. Reviendra-t-il seulement.

Elle ne saurait dire combien de temps elle a attendu là, si on peut parler de minutes ou d’heures, mais ça lui parait comme une éternité. Et pourtant, au loin, elle entend des aboiements à nouveau. - Rocky ?! Est-il revenu pour elle ? Elle perçoit d’autres voix dans le vide de sa tête. Puis quelqu’un appelle. C’est sa chance. Elle essaie de se redresser un peu pour que sa voix porte mieux mais la douleur l’oblige à ne pas trop bouger. - A l’aide ! Je suis coincée !

Elle sent de nouvelles larmes perler sur sa joue. Des larmes de douleur mais aussi des larmes de stress, peut-être un peu de soulagement. - Pitié venez m’aider….