Fight the dead, fear the living - Noah

« Abby,

Je prends le temps de poser ces mots sur papier car ta présence me manque. Je ne sais pas où tu es, ce que tu fais, ni même si tu es toujours en vie. Après une vingtaine d’années à tes côtés, me retrouver soudainement sans toi me provoque une sensation étrange. Quand maman m’avait annoncé ta naissance, je me souviens que je n’avais pas vraiment été heureux. Je pensais que tu me volerais mes jouets, mes parents, ma vie. Pourtant, tu as eu l’effet contraire. Je n’ai jamais été aussi heureux d’avoir une sœur comme toi, en y repensant. Au départ de papa, toi au moins, tu étais encore là. Au final, celui qui nous a le plus volé, c’est lui.

Toi, tu es toujours restée avec moi, même quand le virus a commencé à se propager, qu’il a fallu partir. Maman n’a pas voulu, elle a préféré ne pas y croire, se dire que tout ça n’était qu’une mauvaise blague. J’espère qu’elle n’a pas trop souffert. Mais au moins toi, tu étais là. On a pu partir ensemble de San Francisco, même s’il a fallu laisser derrière nous tout ce qui nous était cher. On a vu la ville sombrer, on a vu le chaos prendre forme, mais étrangement, je ne me sentais pas perdu, car tu étais là. On a erré longtemps, à chercher nos marques, une nouvelle façon de vivre, mais on s’y est habitués, petit à petit.

Et puis il y a eu les autres groupes. Les premiers étaient sympas, on s’est fait de vrais amis, mais ils n’étaient pas prêts pour la survie sûrement. La première invasion d’infectés les a décimés mais nous on a pu fuir, ensemble. Il a fallu se réhabituer à la vie en solitaire, mais encore une fois, grâce à toi, je n’avais pas peur. On a enchainé les autres groupes hein, tu t’en souviens. Mais ça ne s’est jamais bien passé. L’envie de pouvoir de certains, la méfiance ou simplement l’incapacité de survivre des autres nous a bien montré que plus rien n’était acquis aujourd’hui. Même avec un abri fortifié, le naturel nous rattrape toujours.

Et puis est arrivé le dernier groupe. Je ne sais pas si les choses auraient pu se passer autrement. Je n’étais plus moi-même. Toutes ces morts, toute cette horreur, constamment, j’étais épuisé, j’ai perdu la tête. Je n’aurais certainement pas eu besoin d’en arriver là, mais le voir te traiter ainsi m’a rendu fou. Et puis tout s’est enchaîné, les autres l’ont défendu, j’ai reçu des coups, la horde d’infectés a débarqué et je t’ai perdue de vue. J’ai dû fuir, mais je t’ai cherché partout avant. Je ne t’ai pas vue. Peut-être t’es-tu changée en l’un d’eux, peut-être qu’il ne reste plus que moi, mais j’ai l’espoir que ça n’est pas le cas.

J’ai erré longtemps sans toi, autour de notre campement, sans vouloir lâcher l’affaire mais j’ai bien dû me résigner à le faire. Je ne pouvais pas rester là. Et puisque j’étais incapable de te trouver, peut-être que toi tu le pourrais. J’ai trouvé une nouvelle communauté. J’ai été accepté, les murs sont hauts et bien gardés et pour une fois, je pense qu’elle a sa chance de survie. Je ne t’oublie pas, oh ça non. A chaque excursion je prends le temps de te chercher.

Je n’ai pas encore pris mes marques dans cet endroit, mais j’espère sincèrement te voir un jour débarquer de nulle part et le faire avec moi.

Tu me manques.