Did we finally find our home ?

Did we finally find our home ?

 @Rafael Nuñez Vargas & Noah Lewis

Les yeux dans le vague, Noah observe les moutons dont il doit à présent s’occuper. Une nouvelle vie, un nouvel espoir. Sans elle pourtant. Laissée derrière lui, là-bas. Kelowna détruite, avec tous leurs souvenirs, tout ce qui la composait. Ça lui fait mal, terriblement mal, mais tout au fond de lui, il sent que ça lui fait aussi du bien. Plus de fantômes ici. Aucun de ses souvenirs ne se rappelle à lui, ici. Une page vierge pour débuter une nouvelle histoire. Il est temps de faire son deuil, d’apprendre à réellement vivre sans elle et reprendre le contrôle de sa vie. Se concentrer sur l’essentiel. Les autres, sa famille, de sang et de cœur. Il doit se retrouver pour mieux s’en occuper.

Les doigts éraflent cette herbe dans laquelle il s’est assis. Il se l’est autorisé. Depuis combien de temps ne l’a-t-il pas fait ? Les brins d’herbe chatouillent sa peau et pour la première fois depuis bien longtemps, il soupire, sincèrement, d’un genre de soulagement. La peur et la peine sont encore là mais il se sent presque… serein. Ici, ils ont été accueillis comme des rois. Joy Langlois l’a rassuré, lui a donné une bonne impression. Même s’il reste sur ses gardes, le Lewis. Au cas où. Juste au cas où. Ne pas refaire les mêmes erreurs, ne pas devoir une fois de plus fuir, se battre. Car il en a trop vu Noah. Il n’en veut plus, de toute cette violence. Perdu dans ses démons trop souvent.

Il soupire une fois encore puis entend des pas mélangés aux bruits rassurants des bêtes broutant tout proche. Une ombre sur son épaule et il reconnait sa présence immédiatement. Rafael. Immédiatement, son regard se lève vers lui, l’invite à se joindre à ses côtés tout en laissant paraître un léger sourire. Faciès devenu si rare pour lui. Les démons l’ayant emporté, envouté, perdu.

Le regard retrouve les bêtes mais la main reste contre le sol. Ce besoin de se sentir vivant. Et le silence s’installe sans que ça ne dérange les deux cousins. C’est pourtant Noah qui prend la parole en premier, contrairement à ses habitudes. - Tout me parait si loin, Raf’… Comme si on avait vécu une vie entière depuis notre départ…C’est qu’il vivait si loin depuis tant de temps, le Lewis. Perdu dans les limbes de l’univers, sans conscience de lieu, de temps, de rien. Il réapprend tout juste à vivre, à concevoir ce qui l’entoure. - T’en penses quoi toi d’ici ? Le besoin constant de l’approbation de son aîné. - Pour Zelda, c’est bien ici… non ? De quoi courir, en toute innocence, loin de la folie de cette Colonie qu’on leur avait présentée. La folie des grandeurs. L’horreur. Mais ici, la vie respirait un semblant de liberté, de renaissance.

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feat. Nono le cous'



Tout est différent. Et pourtant… Il surveille encore un mur. A scruter l’horizon pour déceler la moindre menace, le moindre rôdeur. Descendre de son perchoir, sortir et éliminer le rôdeur perdu qui grogne contre le haut rempart de bois. L’emmener loin de Babylon, pour l’enterrer. L’emmener loin de Babylon, pour ne pas polluer leur refuge. S’occuper de la sécurité, obéir aux ordres, encore et toujours soldat obéissant, loyal. Le loup de Highgate, loin de sa tanière… Loin de ses repaires. Tout est différent, et pourtant, il a l’impression d’être chez lui. La dirigeante de Babylon lui inspire confiance, les habitants accueillants depuis plusieurs jours déjà. Chacun à sa place, chacun son chez lui et pourtant, une communauté qui semble unie. Une communauté qui survie, ensemble. Pas une Colonie… Plus autant de maisons les unes à côté des autres, sans réel lien. Trop de monde… Rafael reste sur ses gardes, et pourtant, malgré la différence, il se sent déjà chez lui.

Parce qu’il sourit enfin à nouveau. Alors que l’ancien pilote laisse sa place à Otto qui prend le prochain tour de garde dans la tour nord-est, il prend la direction de l’enclos des moutons. Il lui a promis, de passer un moment plus tard. Une promesse qu’il tiendra, comme toutes ses promesses. On restera pas ici. La Colonie. Face aux mines anxieuses, terrorisées, des siens, le mexicain n’a pas hésité un instant. La Colonie n’était pas faite pour eux. Un endroit si grand, un endroit géré par tant de puissant. Un danger… bien trop grand pour être tenté.

Il sourit, Rafael, lorsqu’il aperçoit sa silhouette, assise dans l’herbe. Tranquille, sous le soleil d’avril qui commence enfin à réchauffer leur monde. Paisible. Le loup se rapproche, slalome entre les bêtes qui broutent calmement. Une tête se relève, observe le nouvel arrivant, retombe dans l’herbe incroyablement verte. Il arrive à sa hauteur, croise son regard. S’assied à côté de lui, s’allonge dans l’herbe et soupire. Une longue nuit, à surveiller les remparts. Mais ce n’est rien comparé au bonheur de voir l’ombre d’un sourire sur le visage de son cousin. Bras croisés derrière sa nuque, il observe le ciel et les nuages qui défilent, jetant parfois un coup d’œil à son cousin, dont il ne voit presque que le dos. Lui couché, Noah assis à surveiller le troupeau. Le silence s’installe, un silence bienvenu, qui n’a jamais réellement dérangé les cousins. Mais Noah brise ce silence, à la grande surprise de son ainé.

- J’me disais pareil, j’ai l’impression que tout est différent sans vraiment l’être. Que tout est trop loin, ou que tout ce qu’il y avait avant c’était qu’un rêve… C’est bizarre, hein !

Il rit, de son rire habituel, le Vargas. Avant de reprendre son sérieux, face aux interrogations de son cousin, en recherche de son approbation constante.

- Je pense qu’on est mieux ici que là-bas… dans leur Colonie. Oui… Zelda pourra grandir ici. On pourra vivre, aussi, tous, sans la pression d’un nouveau gouvernement… Je me sens… moins oppressé.

Silence, un instant.

- Et toi ? J’ai l’impression que… tu vas un peu mieux. Non ?

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 @Rafael Nuñez Vargas & Noah Lewis

Ca fait du bien, sa présence. Finie l'errance entre les arbres de la forêt, perdu dans le monde, perdu en lui, perdu partout. Les visites à Emy. La chasse, le froid, la pluie. L'isolement qu'il s'est créé pour ne pas craquer. Tout est fini. Aujourd'hui il peut renaître, retrouver son chemin et en grande partie, c'est grâce à lui, son cousin. Ce phare dans la nuit qu'il s'efforce de suivre autant qu'il le peut lorsque la brume revient.

Mais pas aujourd'hui. Car aujourd'hui, il y a du soleil, les oiseaux chantent et Noah se sent pousser des ailes. La brume s'est dissipée pour laisser perler la lumière, au moins un instant. Juste un. De quoi respirer, de quoi observer, de quoi remonter.

Rafael s'installe à ses côtés, se couche sur le dos et Noah ne bouge pas, paisible. Il ne quitte pas le troupeau des yeux. Il se sentirait presque important, là. Toutes ces vies sous sa surveillance, sous sa responsabilité. Comme autrefois. Alors qu'il accourait dans la ville au secours des autres. Ou comme à Highgate, sur les remparts. Pincement au cœur. N'y pense pas, Noah. Le sourire se perd durant quelques secondes avant que l'américain n'arrive à chasser le souvenir de cette vie qui lui parait aujourd'hui si loin, comme il l'a évoqué auprès de son cousin. - Oui, c'est si loin et c'est un peu comme si on avait toujours été là... Ca fait bizarre oui... Il l'entend rire, Noah, et son cœur se réchauffe un peu. Cette expression qu'il a toujours tant aimée sur son visage. Un baume, une délivrance.

Puis le sérieux revient et les confidences déboulent. Noah cherche un instant son regard, une seconde, deux secondes, trois secondes de lucidité, avant que son champ de vision ne revienne sur les moutons. - C'était beaucoup trop grand cet endroit oui... Autant de monde ça présageait forcément des emmerdes... Et un système strict... J'en ai marre de tout ça...

Mais Rafael ne se contente pas des discussions de bienséance et Noah laisse un silence planer suite à sa question. Va-t-il vraiment mieux ? - Aujourd'hui, ça va... Je préfère ne pas vraiment y penser pour le moment et comme les fantômes sont pas ici, c'est plus facile... La brume qui se dissipe petit à petit sans jamais vraiment disparaître. On ne passe pas du tout au tout en un rien de temps. - De vous avoir tous ici, déjà, ça aide... L'impression d'être entouré, aidé, sans que le tourbillon infernal ne puisse faire rage. - En tout cas, je me sens plus utile ici et plus...serein.

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feat. Nono le cous'



Les nuages qui défilent, sous ses yeux. La tête dans les herbes vertes, le coeur dans les étoiles. Barbe à papa d’un blanc immaculé, défilé de douceur dans un monde qui trop souvent a espéré leur mort. Et aujourd’hui ? Paisible vie de la ferme. Sentir le vent caresser son visage, emmêler ses boucles folles. Il imagine un avenir, Rafael. Un avenir avec sa famille… un avenir pour sa famille. Une étincelle d’espoir, un incendie de bonheur. Ruben resté, Jorge retrouvé, Noah revenu… Le loup de Highgate sourit. Enfin réunis. Tant de mois à ronger sa peine, dans l’inquiétude de sa famille. Sont-ils toujours en vie ? Il sourit, l’ainé. Un instant, il ferme les yeux. Inspire, expire. Sans qu’une tache ne vienne enlaidir son rictus bienheureux. Il rouvre les yeux, le tourne vers la gauche. Et le regarde lui, son cousin tant attendu. Perdu. Qui se retrouve un peu, loin des cauchemars et des souvenirs. Qui se reconstruit, qui sourit parfois à demi. Mais un sourire. Rafael prend les petites victoires, pour son cousin. Car chacun de ses pas en est une, chacun de ses mots, de ses rires. Et cette nouvelle vie, un baume sur la blessure encore à vif. Peut-être qu’un jour, il réapprendra à vivre. C’est maintenant.

Le mexicain hoche de la tête, froissant l’herbe, alors qu’il acquiesce aux paroles de Noah, regard perdu sur le troupeau. Cette Colonie, un plan à emmerdes. Mais peu lui importe son avis à ce propos, au cousin protecteur. C’est la réponse suivante qui l’intéresse… Comment tu vas ? Mieux. Aujourd’hui, ça va. Et demain ? Des mots rassurants, entre espoir et avenir. Un avenir moins sombre qu’à Kelowna, où tout rappelait un souvenir… Rafael bâille, une larme de fatigue au coin des yeux qu’il efface bien vite. Il se relève doucement, braque son regard sur les bêtes qui paisiblement se pavanent devant eux, sans se soucier un instant du monde au-delà de leur pâturage et de leur tranquillité.

- Si aujourd’hui ça va, ça me va.

Un petit mouton gambade proche d’eux, saute d’un bond, retombe sur ses petites pattes.

- J’imagine que ça doit être bien plus facile ici… un nouvel endroit.

Il prend son temps, le mexicain, pour aligner ses mots. Ses pensées.

- Mais Noah… je voulais juste te dire… je suis rassuré de te savoir rentré. J’ai… j’ai eu très peur.

Peur de te perdre, toi mon presque frère.

- Je suis tellement soulagé de te voir sourire, plus serein, de te savoir ici avec ta famille. Et pas… errant dehors.

Le loup dépendant de sa meute. Dépendant des siens, pour survivre. Dépendant de leur bonheur et de leur présence. Le loup solitaire rentré à la maison, enfin…

- Ca ira de mieux en mieux, on va y arriver, ensemble.

Il tourne son regard, croise celui de Noah. Sourire en coin, sourire complice. On va reconstruire notre monde. On va reconstruire ton monde.

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 @Rafael Nuñez Vargas & Noah Lewis

Les moutons gambadent, s'ébrouent et Noah n'arrive pas à les quitter des yeux. Des agneaux, des adultes, des plus vieux, tous ici, ensemble, comme eux, non ? Un groupe uni, soudé. Sauf qu'eux profitent de la surveillance des gardiens du jour tandis que Noah et sa famille doivent apprendre à se débrouiller seuls. Se protéger coûte que coûte. Ce que Rafael a fait pour toi, Noah. Souviens-toi. Les blessures sur son visage et les boiteries. Ta faute.

Cœur en vrac en une fraction de seconde, il doit réapprendre à respirer, Noah. Cherchant le réconfort dans le sourire de Rafael, ici, si solaire, si lumière. Il a souffert pour toi, oui, mais aujourd'hui il est là, et toi aussi. C'est un soupire qui le prend, le faire retrouver son souffle. Respire. La sûreté de sa santé mentale si loin. Ca va mieux, mais seulement mieux.

Rafael reprend la parole, l'air de rien, et Noah repose son regard sur le troupeau. Les confessions arrivent et le pompier sent bien que son cousin cherche ses mots, essaie de lui faire comprendre quelque chose. Pourtant, il sait, Noah. Il sait à quel point son cousin a souffert de son absence, du manque de nouvelles, de la peur de le perdre. Ne pas savoir c'est sûrement ce qui l'a le plus bouffé. Ignorer son état, sa position, ni même s'il était seulement en vie. L'était-il, du moins ? Paumé comme jamais, à vivre comme un animal.

L'air lui manque une fois de plus et Noah tourne son regard vers son cousin, cherchant son sourire. Se rassurer. Ces yeux plissés, cette bouche étirée, c'est peut-être ça finalement le secret. L'amour de ses proches. Ici, à sa portée. Depuis tout ce temps. Se raccrocher à leurs sourires et leur bonheur. Se nourrir de tout ce qu'ils ont à lui offrir. Le secret de la guérison ? - Je voulais pas te faire peur, Raf.... J'aurais jamais dû partir comme ça je...

Les mots lui manquent, le souffle aussi. Ressasser des souvenirs, des peines de là-bas. Se rendre compte du mal qu'il a pu leur faire, à tous. Autant qu'il a pu souffrir. - J'ai eu besoin de partir... J'ai pas réfléchi, j'suis parti... C'était égoïste de ma part... Poser des mots sur les maux. Montrer qu'il les comprend, qu'il fait les connections. Ils ont eu mal autant que toi, Noah...

Il trace les contours de son visage, Noah, inspecte les détails, pour se rassurer. - J'sais que t'es parti à ma recherche, t'aurais jamais dû, Raf... T'as mis ta vie en danger... Juste pour toi. T'en valais pas la peine, Noah, hein ?

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feat. Nono le cous'



Son regard dans le sien, pour s’imprégner de cette nouvelle étincelle qui brille au fond de ses pupilles. Cette étincelle qui trop longtemps s’est évaporée, cette promesse que tout ira bien. Mais il le sait, Rafael, les remords de son cousin. Il le sent. Comme un truc de famille… Il soupire, son cousin. Il inspire, expire. Et réapprend à être, réapprend les autres. Réapprendre à vivre, simplement. Alors que le silence les enveloppe, c’est la symphonie de la nature qui les envahit. Le bruissement du vent, le sifflement des herbes dansantes sous les estocades de ce dernier, les bêlements des moutons, les rires lointains des habitants de Babylon. Et Noah entrouvre les lèvres, hésites, se confie. Les mots se bloquent au fond de sa gorge, son souffle s’arrête un instant, pour reprendre en instinct de survie. Les souvenirs tanguent au-dessus de sa tête, le loup pourrait presque les distinguer. A la place, il les devine. Et son cousin explique… ce besoin irrépressible de partir. Pour panser ses plaies, pour exploser loin de ceux qu’il aime. Mais Rafael… tu le sais, que tu aurais fait exactement la même chose si les rôles avaient été inversés… tu serais parti, toi aussi. Tu te serais enfuit, pour panser tes plaies en loup solitaire. Gémir loin de la meute, ne pas montrer sa faiblesse. Se reconstruire. Hurler. Se venger… Rafael, tu le sais, que tu aurais réagi de la même manière. Parce que vous êtes de la même famille… T’aurais jamais dû partir. Son regard se tourne à nouveau vers lui, inspectant les contours de son visage. Son sourire disparaît, ses yeux s'assombrissent. Sans réfléchir, le mexicain se tourne vers son cousin. Sans réfléchir, il dépose ses deux mains sur ses épaules, le forcer à le regarder. Créer un contact plus fort, plus important. Et planter son regard dans le sien, dénudé de son sourire solaire.

- Ne dis plus jamais ça, Noah. Ne dis plus jamais que je ne dois pas partir à ta recherche. Parce que tu sais quoi, tu en vaut la peine. T’es mon cousin…

Il soupire, le coeur en peine de se rendre soudainement compte de l’état de son cousin, bien loin d’être guéri. Manque de confiance, mal à l’être. Besoin d’aide… besoin de sa famille, plus que jamais. Besoin de ses cousins. Besoin de sa soeur. Besoin de leurs sourires et leurs étreintes.

- Tu es comme mes frères, pour moi. Tu as toujours été comme un frère… et je recommencerai s’il le fallait, à te courir après, autant de fois qu’il le faut.

Ses mains, fortes, ne quittent pas ses épaules. Un instant, il sonde le fond de son regard… avant de reprendre.

- Ce qui est arrivé est arrivé, et je suis en vie. C’était… de la malchance. Je suis tombé sur des gens cruels, mais je suis là. C’est le passé, Noah. Les blessures ont guéri depuis…

Les blessures physiques…

- Ne t’en veux pas…

D’un geste, le mexicain rapproche son cousin de lui, passe ses mains dans son dos, l’attire à lui. Et dans cette étreinte, il ferme les yeux, les souvenirs remontant. Souvenirs de ces jours au fond de cette cellule. Souvenir de l'arène, souvenirs du combat. Et de ses amis… de leur visage, de leurs regards. Suppliants. Des souvenirs imprimés dans sa chaire. Imprimés dans ces cicatrices qui ne disparaîtront jamais… Il ne regrette pas d’être parti le chercher. Il regrette de ne pas s’être battu plus fort pour ses camarades… Et son bonheur aujourd’hui, est de pouvoir étreindre son cousin contre son coeur.

- Tu n’as pas été égoïste… tu souffrais. Et tu sais… j’aurais sûrement fait la même chose, à ta place… Mais maintenant tu es là, avec ta famille. Nous sommes là les uns pour les autres.

Pour toujours. Tous pour un.

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 @Rafael Nuñez Vargas & Noah Lewis
Des mains se posent sur tes épaules et tu trouves les yeux de ton cousin en face des tiens. Vite, tu reprends contact avec toi, retrouves des sensations oubliées, retrouve ton corps, ta peau, la chaleur de Rafael sur ton épaule. T'es en vie, Noah, plante-toi ça dans la tronche.

Et les mots s'entrechoquent, entre dans ton esprit pour ne plus en sortir. T'en vaux la peine, t'entends, Noah ? Il te le dis ! Il continue, Rafael, te dis des vérités que tu écoutes, digères, accepterais même. Et lentement, plus les paroles de Rafael, défilent, plus le message fait son petit bout de chemin et te procure quelque chose. Tu ne saurais dire quoi, car ça fait si longtemps que t'as pas vraiment ressenti quelque chose, sauf avec Emy. T'es un mort ambulant, Noah, depuis bien trop longtemps. Il est temps de ressusciter, revenir à la vie et reprendre le pouvoir sur tout ce qui t'entoure mais surtout sur toi.

Les mots cessent et c'est une étreinte qui commence, provoquant encore un autre sentiment en toi. Tu te sens entouré... Ce qui ne t'était pas arrivé depuis bien longtemps. Comme mort, encore une fois. Lentement, tes yeux se ferment et tu sens l'air s'échapper de tes poumons en un soupir soulagé. T'es bien là, Noah, entre ses bras. Reconnexion difficile avec tout ce qui te compose. Mais t'étais tellement bas, t'allais tellement mal, tout tourbillonnait autour de toi en une tornade infernale sans parvenir à trouver la faille qui te permettrait de retrouver ton chemin. Paumé dans un beau bordel. Sans ta lanterne Line, ton souffle, ton guide. Paumé.

Rafael reprend la parole et tu écoutes une fois encore. Petit à petit, tu sens des bris de morceau se déplacer et se recoller là où des trous béants avaient fait leur nid. Les ficelles se tendent, s'ajustent, recousent ces plaies qui te font souffrir depuis tant de temps. T'es complètement pété, mais tu le sais que ta famille et tes proches sont la solution. Tu ne la remplaceras pas, tu ne veux pas le faire et tu ne dois pas le faire, mais peut-être que ta guérison se trouve là où se trouvait sa place. Trouver quelqu'un comme elle, qui te permettait de te sentir toi, vivant, différent. Une famille, de sang ou de sentiments. Line n'est plus, mais toi tu es encore là et il est temps que tu réapprennes à vivre en plus de simplement survivre.

Doucement, tes mains se joignent pour serrer fort ce cousin qui aujourd'hui représente bien plus que tout ce qu'il a représenté jusqu'à maintenant. Lentement, tu profites de cet instant, respires fort à la limite de sentir les sanglots te soulever. T'es paumé, mais t'es entouré. Ils sont là pour te guider, te relever.

- Merci... Car pour le moment, c'est bien tout ce que tu arrives à prononcer. Ce merci qui parait si petit comparé à tout ce que tu leur dois. Pour avoir été là.

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feat. Nono le cous'



Réapprendre à vivre est un besoin pour tous, mais plus encore aujourd’hui pour Noah Lewis. Et cette étincelle dans son regard, est promesse d’un avenir. Rien qu’un avenir… Tu te souviens, Rafael, de son regard. Tu te souviens du vide, de la détresse, du supplice tremblant dans sa pupille. Aujourd’hui, tu discerne l’espoir. L’avenir possible qu’il ose enfin s’imaginer. Et tu souris. Lorsque les mains de ton cousin se relèvent et se joignent pour te serrer dans cette étreinte tendre, tu souris. Il sert fort, et tu souris. Bienheureux Rafael, d’avoir retrouvé l’un des tiens, le dernier manquant à l’appel. Et enfin, sa voix. Légère, presque inaudible, mais présente, dans le creux de ton oreille. Merci… Un mot, qui fait vibrer le coeur du militaire. Un mot, un seul, et pourtant empli d’une multitude d’autres. Alors Rafael s’en contente, parce que dans leur famille, ils n’ont parfois pas besoin de mots pour se comprendre. C’est l’instinct, le coeur, la foi en l’autre, qui compte. Et Rafael connaît les mots qui traversent l’esprit de son cousin. Et ce merci est suffisant, dans cette étreinte dont ils avaient tous deux besoin. Étreinte qui s’éternise, à mesure que les minutes passent. Avant que Rafael n’y mette fin, se retirant doucement, le sourire jusqu’aux oreilles. D’une main, il vient déranger la chevelure de son cousin, mettant un terme définitif à l’instant de tendresse.

- J’serais toujours là, cousin !

Il se relève, tend sa main à son cadet.

- Par contre, j’te couvre pas si la dame Langlois s’aperçoit que t’as paumé un des moutons !

Il fait un signe de tête alors qu’il aide son cousin à se relever, et lui désigne deux petits moutons trop curieux qui tentent de se faire la belle de l’enclos.

- Ce serait dommage qu’ils aillent brouter dans les récoltes !

Un sourire malicieux naît sur son visage, quelques pas en arrière, prêt à bondir vers les fugueurs…

- Celui qui les attrape a le droit de donner un gage à l’autre…

Noah sourit, hoche de la tête.

- Prêt ? Trois… deux… un…

Le cadet fonce, avant le partez final. Un grognement du mexicain, qui se lance à sa suite.

- Tricheur !!

Et la journée décline, dans un jeu d’enfant pour deux adultes qui en ressentent un besoin imminent. Juste oublier les problèmes et se retrouver dans l’ivresse de l’innocence d’une joute naïve et bête. Pauvres moutons…