Just another sitcom but with zombies

Just another  sitcom but with zombies

   Le sang de la veine



Une brise tiède soufflait entre les arbres et dans le ciel brillait un soleil aux rayons doux. Quelque chose de sympa à vous laisser entrevoir l’été en devenir. Et c’était pas trop tôt ! Logan en avait assez de se geler les miches à cause de cet hiver qui n’en finissait pas. A croire qu’il refusait de les abandonner après les avoir fait chier si longtemps. Trop d’honneur mais c’est bon mon gars, t’as eu ton moment de gloire, maintenant laisse nous un peu souffler ! Chacun son tour pour les emmerdes…

Bien heureux de ne plus avoir à recouvrir son derche d’une triple épaisseur de manteaux pour pas trop se les cailler, le géant arborait tout fier une chemise à carreaux noire et rouge très clichée, ainsi qu’un pantalon à sa taille pour changer. Pas qu’il lui déplaisait de montrer au monde ses mollets, mais la mode« hobbit titanesque » ça allait bien cinq minutes. On leur avait permis, puisqu’ils n’avaient presque plus rien, de faire le plein de nouveaux vêtements, et ce n’était pas du luxe croyez moi, surtout pour les enfants. Ces adorables petites merdeux grandissaient à la vitesse des mauvaises herbes dans mon jardin. Il leur fallait sans cesse des nouvelles chaussures, des nouveaux habits. Et si ce n’était que la taille le problème ! Des trous ! Des trous ! Partout et en permanence ! Que je joue et je tombe dans les graviers, que je fais du vélo et bim patatra, vite un infirmer ! Il fallait sans cesse raccommoder, recoudre, repriser, si bien que Logan était devenu un as des aiguilles. Enfin du moins, il essayait.

Avisant un pantalon taille quatre ans, aux genoux arborant de magnifiques morceaux de tissus écossais dépareillés, le père poussa un soupire et le décrocha de la corde à linge. Machinalement, il secoua énergiquement le vêtement puis le plia sommairement et le posa dans une grande corbeille déjà moitié pleine avant de passer à la suite. Les habits qui flottaient gaiement dans la brise printanière offraient au jardin un style des plus bucoliques. Mais ce n’était pas l’esthétique de la scène qui plaisait à l’œil de l’artiste. Ce qui émouvait le grand roux c’était l’odeur délicate de savon et de lessive qui emplissait l’air. C’était si beau que Logan en aurait chialé. Des mois à survivre sans rien, sans confort, sans hygiène, alors oui, aujourd’hui un morceau de savon ou un tube de dentifrice, c’était pour lui un vrai trésor. Une chance à laquelle il ne pouvait renoncer.

Le panier de linge remplit, il l’attrapa et le souleva de terre avant de se retourner vers la belle et grande maison qu’ils habitaient désormais. Pour sur, on ne s’était pas moqué d’eux. Ça avait clairement de la gueule, surtout comparé à tous les endroits miteux dans lesquels ils avaient trouvé refuge depuis la perte de l’hôpital. Et même comparé à leur ancien chez eux, fallait le dire, c’était bien mieux ! Évidement il regrettait que tous les membres de leur petite famille n’aient pas trouvé ici ce qu’ils cherchaient. Il était triste de les savoir loin. Mais c’était leur choix, et il le respectait. Pour sa part, ici, il se sentait bien. C’était tout ce qu’il avait toujours voulu offrir à son fils. La sécurité. Un endroit où grandir heureux, malgré toute la merde du monde qui les entourait. Le petit garçon avait déjà traversé assez de galères. Il avait droit au bonheur. Ils y avaient tous droit.

Après avoir traversé le jardin et la terrasse, le géant passa la baie vitrée arrière de la maison et arriva dans le salon. C’était une grande pièce lumineuse et agréable, un endroit confortable avec des canapés et des fauteuils pour s’y vautrer. Giulia était d’ailleurs occupée à lire un livre, jetant de temps en temps un regard aux trois enfants installés autour de la table qui séparait le séjour de la cuisine. Ils étaient sages comme des images, ce qui était assez inhabituel pour le souligner, et surtout...s’en inquiéter.

« Alors ces devoirs… vous avancez ? » Demanda-t-il tout en posant le panier sur une chaise vide et en s’approchant d’un air inquisiteur. Le soucis de vivre avec l’un des tout nouveaux professeurs de la communauté, c’est qu’on avait jamais un moment de paix ! Pauvres gosses !! Ils étaient là tous les trois comme des petits anges à travailler en silence alors qu’ils auraient pu être en train de jouer dehors. Bourreau ! Bon, aucuns des trois bambins ne dépassaient le niveau maternelle, les devoirs étaient donc majoritairement constitués de coloriages et autres joyeusetés pédagogiques. Mais tout de même !
Tout sourire, Logan s’approcha d’eux et se pencha sur les travaux en cours. Évidement travailler à l’école de la Colonie ce n’était pas la même chose que de faire cours à l’université, mais pouvoir enseigner à nouveau apportait une immense joie au canadien. Avoir une raison de plus de se bouger le cul le matin. Un semblant de normalité… ça faisait rêver ! Scrutant le travail de ses ouailles, il fut satisfait de voir toute l’application qu’ils mettaient à la tâche… avait-il enfin réussi à les intéresser ? C’était un peu trop beau pour être vrai, mais il se félicita toutefois et décida qu’il avait bien mérité une petite récompense pour fêter ça. Après tout, il avait bossé toute la journée, sans parler des travaux domestiques que demandaient une vie à plusieurs dans cette colocation du bonheur.
Après avoir déposé un bisous dans la tignasse rousse de son fiston, Logan contourna la table et se dirigea vers un des placards de la cuisine où étaient rangés un autre trésor : une petite réserve de sucreries. Ils avaient bien tous mérité une petite douceur. Le cœur en joie, il ouvrit la porte et soudain…

« Nom d’une vieille pute dégarnie* !! » S’exclama-t-il. « Qui est ce qui a fini les Figolus ??!! »

* en français dans le texte

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   La famille



Comme revivre dans un nouveau monde. Comme retrouver des marques trop longtemps perdues. Pouvoir marcher, la tête relevée vers le ciel, sans se préoccuper des bruits dans les arbres, des grincements des volets. Observer les nuages défiler au-dessus de sa tête, sans craindre un danger quelconque. La mort dissimulée au-delà des hauts murs de la Colonie. Retrouver la vie. Retrouver un monde normal, ou presque. Comme respirer à nouveau. Ne plus craindre qu’au retour à la maison, il n’y retrouve personne. Ne plus sentir son coeur bondir dans sa poitrine à chaque fois qu’une porte s’ouvre… comme à l’hôpital. Comme à Kelowna. Dans leur bulle, dans leur monde. Hors de l’apocalypse, pendant un temps. Une utopie, une réalité. La leur. La seule qui pour eux existait alors. La seule qui a toujours été leur, depuis la grande catastrophe. Depuis l’apparition du virus, sa course contre la mort. Sa course avec la mort… Comme revivre, le coeur en miettes. Et le sentir se reconstruire, peu à peu. La nostalgie en écho de son âme brisée, par les pertes. Inondé des larmes trop longtemps retenues. Égratigné de la colère explosive qui vibre dans ses veines, jour après jour. Comme retrouver un semblant de normal… Un semblant de l’ancien monde. Et pourtant… Rien ne sera jamais plus comme avant. Rien n’y ressemblera plus.

Parce que tu n’es plus là pour moi…

L’absence pèse au coeur, comme au corps. L’espérance qu’ici, tout serait différent. Les souvenirs enfouis, les sentiments effacés. Rien n’y change. Rien n’y fait… Le vide est trop grand. La perte trop douloureuse. Tout a changé, depuis. Le monde, l’univers. Son univers… Sans elle. Sans lui. Sans les figures qui l’ont fait grandir, à leur manière. Sans leur silhouette derrière lesquelles il courrait, jour après jour. Pour les rattraper… Elles ne sont plus là, James. Et tu dois continuer à vivre. Tu dois continuer à te lever, continuer à te battre. Continuer… pas pour toi, pour eux. Pour ceux qui restent. Mais tu as changé… Dans ton coeur, et dans ton âme. Tu n’es plus le même… privé de ces modèles qui t’ont fait grandir. Privé de…

Il est là, lui.

Un regard pour un autre. Un regard qui te fait te souvenir. Que tu n’es pas livré à toi-même… et qu’il est là, lui. Toujours là. Dernier lien d’une ancienne vie, dernière bribe d’un passé douloureux. D’un passé égratigné de petits bonheurs. Une famille… James s’avance dans la rue, éreinté d’une journée de travail, à suivre à la trace un homme qui l’infantilise. Le prend pour un gamin immature, un gamin sans cervelle. James s’avance, son pas accélère alors qu’il le voit rentrer, lui aussi. Un sourire, un geste de la main. Et le coeur réchauffé, de le savoir ici. Avec lui, cette fois-ci. Ensemble, à nouveau. Le coeur lourd, la peine partagée. Mais ensemble… un soulagement, que de le retrouver, celui qui a pris sur lui pour s’occuper des enfants de sa soeur.

- Yo, tonton !

James n’aurait pu supporter de le perdre, lui aussi… Son oncle, sa famille. Le perdre à son tour, pour terminer de l’achever. Mais il est là. Il le regarde, le salue d’un mouvement de tête. Le gamin sourit, plaisante. Soulagé. Avant qu’ils n’atteignent la porte d’entrée, n’entendent la grosse voix de Logan s’échapper du salon. L’irlandais pénètre dans la maison avant son oncle, le suivant de près. Et se plante à l’entrée de la pièce, les regards des trois enfants se tournant vers lui, Rocky relevant la tête, remuant la queue tout en se précipitant vers son maître.

- Et l’vieux, tu vas faire quoi à celui qui a fini les Figolus ?

Un regard à son oncle, puis l’attention sur Logan. Il relève les poings, prêt à se défendre. Même s’il n’a pas fini les Figolus. Il veut faire rire les enfants, mimant une fausse bagarre.

- Approches, si tu veux défendre tes Figolus !

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   Les meilleurs


Un semblant de renouveau, de petit bonheur même peut-être. Chargé d'aller chercher les dernières provisions pour la maison au hangar du quartier, Elijah écoutait les oiseaux, le cœur plus léger qu'à Kelowna. Tout paraissait plus simple ici, moins stressant, moins flippant. De quoi retrouver un semblant de sérénité et de calme. Les grands remparts qui protégeaient la Colonie lui permettaient de se sentir en sécurité et de ne plus craindre de trouver un mort à chaque croisement de rue. Un grand changement pour le canadien qui ne sortait qu'en cas de besoin extrême.

Son tour arriva et Elijah attrapa le panier qui lui était destiné tout en jetant un œil à l'intérieur. Il y avait de quoi faire avec tout ça. Des denrées qui promettaient de tenir longtemps et d'autres plus éphémères, de quoi faire plaisir à tout le monde. Il avait même repéré du pain, sûrement fait par des habitants de la Colonie et un peu de beurre, qui devait provenir des animaux de la communauté. De quoi se préparer de belles tartines avec les enfants ! Arborant un grand sourire, il remercie la personne du hangar et prit le chemin de la maison.

Déjà derrière la porte, il entendait de l'animation à l'intérieur de la maison et son sourire revint rapidement. Il était heureux de voir sa famille retrouver un quotidien rassurant et de les voir s'épanouir à nouveau. Fini les mines déconfites et les horreurs en tout genre.

La porte s'ouvrit et il vit en fond son Jamie mimer une bataille envers Logan et l'astronome sourit de plus belle. Ca faisait du bien de le voir sourire lui aussi. Les derniers mois n'avaient vraiment pas été faciles pour lui. Elijah traversa le salon en jetant un œil aux enfants, déposa une caresse sur la tête de Maël puis continua jusqu'à la cuisine. La dispute semblait porter sur un potentiel vol de Figolus. - J'ai reçu plus alléchant que des Figolus, les copains ! Je peux vous promettre... des tartines ! Ca vous dit ? Déjà, il apercevait la frimousse d'Aïda se désintéresser de ses devoirs et une moue de joie perler sur son visage. - J'ai du pain et du beurre et je pense que ça fait bien longtemps qu'on a pas eu l'occasion d'en manger... Je vous prépare ça ?

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   Le sang de la veine



Trahîîîson !! Disgrâââââce !!

L’inspection détaillée du reste du placard fit tomber la sentence, et elle était irrévocable ! Les Figolus -un paquet tout neuf qui plus est- avaient disparu ! Pas une trace ni même la moindre petite miette ! Il n’en restait sur les étagères qu’une ombre absente, un dessin à la craie autour du cadavre emporté. Et dans les autres placards ? Rien !! Ce n’était pas là une simple erreur de rangement, une malencontreuse étourderie… c’était…

«  Faîtes venir la maréchaussée !! Balisez la scène de crime !!* » Houspillait le grand dadais sous le regard de plus en plus amusé des trois bambins qui adoraient l'entendre s'énerver dans la langue de Molière. Aïda, Mael et Owen, de moins en moins concentrés sur leurs devoirs, observaient les pitreries de leur aîné avec des yeux rieurs pleins de malice. De toute évidence, ils savaient quelque chose. Logan, tel un enquêteur du dimanche (et encore… un dimanche de gueule de bois) arrêta sa recherche minutieuse de la cuisine et les observa tous les trois avec des grands yeux écarquillés.

« Vouuuuuus… vous savez quelque chose… Vous savez qui est le coupable, qui est l’auteur de ce méfait infâme ! Parlez misérables ! » Dit-il en prenant une voix ampoulée de vieux méchant de film de capes et d’épée. Comme bien souvent, les gosses se mirent à rire de plus en plus fort devant les mimiques exubérantes que le géant enchaînait. Soudain, l’œil expert de l’adulte capta un regard… vers la poubelle. Le doute le saisit à la gorge. Ce pouvait-il… nooon j’avais ils auraient osé... Laissez ainsi la trace flagrante de leur délit, comme un moyen perfide de lui faire du mal… S’approchant en crabe sans perdre de vue ses trois suspects de plus en plus hilares, le guignol de service arriva à hauteur de la poubelle et d’un mouvement preste du bout du pied, il actionna la pédale qui ouvrit le couvercle. Là, au sommet de la pile de déchet, se tenait la malheureuse victime d’un crime gourmand. Le paquet, à l’emballage à moitié déchiré, gisait complètement vide. Logan ne pu retenir un cri suraigu qui contrastait fortement avec sa carrure massive. Il posa ses deux mains sur sa bouche, mimant le choc brutal de cette découverte macabre, et tourna ses yeux larmoyants vers les enfants qui rirent de plus belle.

Ce fut alors qu’une silhouette bien connue entra dans la pièce suivie d’une annonce qui affirmait la plus terrible des trahisons…

«  James… non… pas toi… » dit-il en posant une de ses mains sur son coeur blessé. «  Mon propre frère… me trahir ainsi… ma vengeance… sera… TERRIBLE !!

Imitant le doc qui avait pris position pour le combat final, il se rua à l’assaut, dans une parodie grotesque qui amusait pourtant petits et grands. L’irlandais et le canadien n’en était pas à leur premier affrontement, mais il n’y avait pour une fois rien de violent dans leurs gestes. Ils jouaient le jeu pour amuser la galerie, bien qu’il y eu malgré tout un honneur à laver. Après tout, quelqu’un avait bel et bien mangé tous les Figolus!

La vérité -la vraie, celle qui tache- c’était qu’en réalité Logan n’aimait même pas ça, les Figolus. C’était des biscuits de mamie, sableux au goût insipide qu’il associait à un souvenir fort douloureux : Celui d’un après-midi à la plage avec sa famille. C’était les vacances et ils étaient tout venus les passer à la mer sur la côte dans un camping. Pendant que ses frères et sœurs étaient de baignade, jouant dans les vagues sous le regard offensé de quelques goélands mécontents, lui était confiné sous le parasol, tartiné de crème solaire pour éviter à sa peau de roux la morsure d’un violent coup de soleil. S’occupant comme il pouvait, il se servait de ses claquettes comme d’une pelle pour remplir de sable un petit poisson en plastique bleu qu’il retournait d’un geste rapide (mais jamais assez) pour l’imprimer en relief sur le sol chaud. Soudain, un cri lui fit lever le regard et alors son cœur bâtit la chamade. Un appel au loin, qui se rapprochait de plus en plus. Le vendeur de churros, chouchous et autres délices estivaux. Il avait alors tourné vers sa mère un regard suppliant. Peut être arriverait-il à la convaincre de lui payer un cornet à la fraise ? un délice au caramel ? Il me méritait non ? Lui qui ne pouvait pas profiter comme ses aînés des joies de la mer en raison de la canicule et du soleil. Mais la réponse fut catégorique… un NON franc et sans appel, de ceux qui ne laisse pas de place aux pourparlers. Déconfit, le pauvre bichon baissa sa petite tête de malheureux. Sa mère, sentant qu’elle avait peut être été un peu dure, lui avait alors sorti du panier un paquet… de Figolus ! Logan, qui ne connaissait pas ces biscuits avait eu alors un espoir, surtout qu’il les cru tout d’abord au chocolat !! Fou qu’il était ! La première bouchée fut une déception, la seconde un supplice. De toute évidence, ces gâteaux avaient été inventé pour faire du mal aux enfants, ce n’était pas possible autrement.

Alors pourquoi tout ce cirque aujourd’hui me dirait vous ? Tout simplement parce qu’il était loin le temps de la plage, des vacances et de l’insouciance. Aujourd’hui, plus de touriste dégoulinant de transpiration dans des chemises hawaïennes de mauvais goût, plus d'apéros et de mojitos à la paillote ni même de plateau de fruits de mer dégusté au coucher du soleil. Aujourd’hui c’était la mort à chaque coin de rue, une randonnée non plus accompagnée par le chant des cigales mais par le grognement guttural des rôdeurs. Alors si d’aventure on tombait sur un paquet de Figolus… même vieux et un peu rassie, bah on s’en contentait et on disait merci.

Jamie repoussa un de ses assauts et exagérant ses mouvements telle la drama queen qu’il pouvait parfois être, Logan tournoya au ralenti jusqu’au plan de travail où il récupéra… une cuillère en bois. La saisissant comme une épée, il se mit en position façon comte de Nevers.

«En garde ma biquette!!Je vais vous découper le gras du cul, ça vous fera toujours ça de moins à trimballer ! »

Fort heureusement pour ce qui lui restait de dignité, c’est à dire pas grand-chose, Elijah arriva sur ses entrefaites et proposa quelque chose qu’il aurait été fou de refuser…

«DES TARTINES !! Qu’est ce qu’on dit les enfants ?? » Lança-t-il tout en rangeant son arme à sa ceinture et en se tournant vers le trio infernal et juvénile, oubliant en un instant son rôle pour reprendre sa casquette de père.

«Merciiiiiii Eliiiiiiiiiiiiiii » Reprirent de concerts les enfants en descendant de leurs chaises, trop contents de voir la session de devoirs ainsi prendre fin.


*les phrases en italique sont en français dans le texte

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   La famille



Le nouvel épisode tragicomique des frères dramaturges démarrait. Avec, en guest star, Logan et James mimant une nouvelle bataille. Amicale, drôlesque, cette fois-ci. Un sourire menaçant d’exploser en miettes le rôle qui leur était donné dans cette pièce étrange tout droit sortie d’une sitcom que l’on regarde en boucle malgré que l’on en connaisse les répliques par coeur. Le public, trois petites têtes blondes qui finiront sans aucun doute comme ceux qui les élèvent… ridiculement sarcastiques. Ils rient, de toutes leurs dents, fervents admirateurs du géant roux et du petit sourd. Ils rient, et ne ratent pas une miette de la bagarre qui est sur le point de commencer. Face à un Logan déboussolé, la main posée sur le coeur comme dans une mauvaise tragédie, James grimace, la paume de sa main sur son front.  

- Oui, c’est bien moi, mon frère ! Je t’ai trahi, mais… les figolus m’ont corrompus !

Pose de combat, pour la scène finale de leur jeu de gamins. Logan se rue à l’assaut, le sourd en fait de même, et une danse parodique grotesque se met en place. Les rires des enfants redoublent, Maël encourageant son père d’adoption, Owen son papa. La pauvre Aïda ne sachant qui choisir. Les faux coups de poings, les fausses blessures, la fausse colère. Aucune violence, rien qu’un épisode d’une drôle de série, pour amuser les enfants qui aujourd’hui n’ont plus rien à craindre que le vol de figolus. La bataille fait rage pour l’honneur. Les ralentis, Logan qui se retourne pour récupérer une arme… une cuillère en bois. Il se retourne, chevalier du Figolu, fait face à son ennemi désarmé. L’irlandais se tourne vers le petit Maël, le regard sérieux.

- Jeune padawan, il me faut mon arme, face à cette brute !

Le petit garçon s’empare de la règle transparente qui trônait sur la table, la lance à James, qui manque de la rater. Il se retourne alors, fait face à son ennemi et dégaine son arme à la façon d’un jedi avec son sabre laser.

- Plutôt embrasser un Wookie que de te laisser le gras de mon cul !

Sur ces mots, la porte s’ouvre, la lumière envahissant le salon et la salle à manger. Leur sauveur fait alors un pas dans la pièce, le sourire s’étirant de lui-même sur son visage. Il fait alors une proposition, comme drapeau blanc et désintègre le duel qui se déroulait alors dans la maison. Elijah, grand vainqueur de la guerre des Figolus disparus. Logan hurle le premier, presque plus enjoué que les enfants eux-mêmes qui lâchent alors leurs devoirs tout en remerciant l’astronome de ce bonheur sucré qu’il leur offre alors.

- DES TARTINES ! Je crevais de faim !

Abandonnant son sabre laser sur la table, il se rue vers son compagnon et le remercie d’un simple baiser sur les lèvres, provoquant un concert de « beuuurk » sonore de la part des enfants.

- Beurk ? BEURK ? Allez vous laver les mains, au lieu de vous offusquer pour un petit bisou, bande de cafards !

- On n’est pas des cafards !

Grogne Maël entre rire et sérieux tout en s’éclipsant pour se laver les mains avec ses copains. Le calme revient et la sitcom se termine, avec le générique de fin. Les rires se calment et le combat est terminé. James avait-il réellement mangé les figolus ? Absolument pas… c’est dégueulasse ces trucs-là.

- Bon, j’vais voir où est l’vieux, il est entré et s’est barré dans son coin, faut qu’il vienne profiter des tartines aussi.

Étrange, que de vivre à nouveau avec son oncle. Étrange et réconfortant, de le savoir là, à ses côtés. De ne plus s’inquiéter pour lui, jour et nuit. De ne plus se torturer l’esprit à se demander s’il est toujours en vie… Une pensée devenue terrifiante depuis… ce terrible jour. Pincement au coeur, joie au ventre. Un sentiment déstabilisant. Alors, l’irlandais fouille l’étage, cherche. Avant d’apercevoir la silhouette de son oncle par une fenêtre. Son sourire mue, disparaît. A la place, un regard sombre. Il redescend les escaliers, sort de la maison par la porte de derrière. Se retrouve face à son oncle. Il sait, où il était. Parce que comme lui, il y va. Un peu trop souvent… devant sa tombe. Pour lui parler, pour s’excuser. D’avoir été si con. Pour lui raconter, la vie d’aujourd’hui. Lui dire que tout va bien. Qu’ils sont enfin ensemble et que tout ira bien. Qu’elle n’a pas à s’inquiéter… qu’il veille sur leur oncle. Le neveu sourit à son ainé. Un sourire pour dissimuler sa peine.

- Elijah a rapporté du pain et du beurre pour le goûter, tu viens ?

Ils n’en parlent que peu, de Cat. Évitent le sujet. Pudiques, tous les deux. Mais un jour, il faudra le percer, cet abcès. Et faire le deuil… ensemble.

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  Les meilleurs


Les sourires sur les visages des enfants et même des deux combattants prouvent bien à Elijah qu’il ramène un petit bonheur à la maison. Tous l’accueillent par des cris et des mines joyeuses et le canadien ressent un semblant d’autrefois. Comme une vie normale. Était-ce enfin le cas ? Autant ne pas trop en rêver, il l’avait appris à son insu plus d’une fois. La vie apocalyptique offrait son lot de surprises au moment où on ne s’y attendait jamais. Alors sans faire le pessimiste, mais gardant cette possibilité en tête, Elijah gardait les pieds sur terre et s’attendait à tout pour ternir leur nouveau petit bonheur sans pour autant gâcher des instants de joie comme celui-ci.

Son Jamie le remercie déjà d’un baiser sur les lèvres qu’il trouve bien trop court mais compréhensif face à toutes ces petites bouilles qui déjà se mettent à faire des grimaces de dégoût. Elijah fait également mine de s’offusquer en chœur avec son compagnon avant que celui-ci ne renvoie cette petite bande d’ingrats se laver les mains, ce qu’ils font tels de bons petits soldats.

Les cafards éclipsés, le calme revient et Elijah soupire de soulagement. L’agitation n’a jamais été son fort, encore moins les numéros de comédies comme en ont le secret James et Logan. Il est tout de même content de les avoir pour animer la vie bien difficile de ces enfants.

James s’éclipse à son tour, évoquant un Scott sauvage à récupérer et Elijah se contente d’hocher la tête, se retrouvant soudainement seul avec Logan. - Tu penses qu’on arrivera un jour à retrouver un quotidien normal ? Sans horreur, sans les démons du passé, sans rien ? qu’il demande à son ami et colocataire. Car il s’imagine ce que fait Scott dehors, là où se trouve la tombe de Cathleen. Qu’il sait la douleur qui le parcourt aujourd’hui. Qu’il espère qu’un jour, tous pourront passer au-dessus de toutes ces horreurs vécues et espérer pouvoir vivre une vie plus ou moins normale, au moins pour les enfants. Mais est-ce possible ?

Il laisse échapper un petit sourire, Elijah, en voulant rassurer le géant. - Comment ça va toi, d’ailleurs ?. Sans Nancy qu’il veut certainement dire sans oser vraiment prononcer son nom. Pour ne pas lui faire mal d’abord, mais pour ne pas rouvrir ses propres douleurs à lui-même. Car si les présents sont là aujourd’hui, d’autres manquent toujours à l’appel et que ça fait mal.