Suicide Squad

Suicide Squad

   feat. Ceux que tu veux pas dans ta team de survivalistes



Bonnie and Clyde. Comme au bon vieux temps. Un pas après l’autre, le regard à l’affût, les sens en alerte. Dans la queue, il observe, l’italien. Dans la file d’attente, il guette. Un œil sur chaque sortie, un plan qui se dessine dans son esprit. Les armes, la hauteur des murs, les points de fuite. Les gardes… Il grave leur visage dans son esprit, serre son poing. Et son regard croise celui de la femme qui se tient à ses côtés. Devoir encore laisser ses armes, se faire fouiller à nouveau. Se soumettre, docile. L’italien soupire, marchande lorsqu’on trouve son inhalateur. Qu’il range à nouveau dans sa poche. Et alors qu’ils terminent enfin les fouilles, ils entrent entre les murs du port. Et découvrent un marché monumental. Indécent. Un marché où déambulent de nombreux survivants. Vendeurs hurleurs, acheteurs désespérés. On marchande, on troque. Les affaires explosent et le cafard se lèche les babines. Tant de pauvres âmes faciles à berner… Un terrain de jeu, pour le manipulateur au charmant sourire. Peut-être est-elle là, la terre promise ?

Ou peut-être pas… Tu le sais, Cesare, que tu n’es pas fait pour vivre en communauté. Tu le sais, que l’humanité n’est pas faite pour toi. Qu’elle te rejette, toi, l’orphelin qui ne méritait pas même de vivre. Tu le sais, que même aujourd’hui, dans ce monde d’apocalypse, tu ne sais pas vivre ensemble. Alors pourquoi venir ici… Pour elle. Parce que Cali le lui a demandé. Parce que Cali a voulu partir, parce qu’il lui a promis. Je ne t’abandonne plus, bellissima. La promesse d’un cafard. A une autre.

- Que ferions-nous sans le Commandant ! Il permet l’existence du marché… Qu’est-ce que t’as troqué, toi ?

- Le Commandant est notre sauveur.

L’oreille du rital qui traîne, capte des bribes de conversations. Curieux, il hésite. Est-ce finalement une bonne idée ? Le cafard se rapproche doucement de Cali.

- Tu le sens comment toi ? J’suis qu’à moitié serein avec cette histoire de Commandant. Mais quoique tu décide, j’te suis.

Une promesse est une promesse. Mots prononcés aux portes de la Colonie. Pensées claires, depuis quelques temps.

Suicide Squad

   feat. The Inglorious Basterds



En terre inconnue, en repérage, j'avance le profil bas. A humer les odeurs venues de la rade, à observer la parade des troqueurs, à parcourir les dégaines de ces dizaines d'inconnus pour la trouver. Pour pousser le jeu, je me plie aux règles: une paire de jumelles, troquée contre une boîte à couture presque complète. Alors que je fais mine d'en tester les lentilles, je laisse mon regard explorer l'espace, des ponts du paquebot jusqu'aux sentinelles veillant sur la masse, essayant de lire l'avenir dans le vol des mouettes. Est-ce que cet endroit est fait pour nous?

Ca avait commencé en aidant Nana à s'installer. Dans cette Colonie aux allures de forteresse. La sécurité au prix de la liberté, plutôt crever mais pour elle c'était tout ce qu'il fallait. Quelques infos glanées au vent du côté de leur petit port. Soufflées à Cali, dans le talkie, partie en éclaireuse, pour voir c'qu'il en était.

La route en solo, fusil à l'épaule, couteau à la ceinture. Et puis, un peu à l'écart de la route, il y avait eu ce groupe, observé pendant un long moment. Le genre en expédition, en train de charger un pick up ras la gueule. A les entendre parler, j'avais compris: le port, Victoria, le marché, tout était lié. Peut-être des connards... Peut être même que tu s'ras le moindre d'entre eux, Blake... je me suis dit, avançant à découvert, le canon et les mains en l'air.

Et c'est comme ça que j'me suis retrouvé là... Dans les lentilles des jumelles, elle apparait, comme une reine sur son domaine, entre mille je l'aurais reconnue. J'esquisse un sourire, active le talkie sans la perdre du regard:

"Y'a une espèce de toquard qui te reluque avec ses jumelles à sept heures... J'dois lui dire d'aller se faire foutre ou tu veux lui dire toi même?"

Dans la marée de la foule dense, Cali disparaît le temps d'un battement de cil. Une fraction de seconde plus tard, il est là.

Vancouver, puis Kelowna, rien à faire. Ce bâtard me lâchera pas...

Suicide Squad

   feat. les vieux rats de l'apocalypse
CAVINSARE VOLUME 2
@Cesare P. Costa @Vince Blake



Rictus aux lippes. Joueuse corruptible. Reine compétitrice. Y avait ce truc noir au fond des perles ; qui la quittait jamais quitte à y perdre ; quitte à s’y perdre. Quitte à s’y prendre. A désirer. A s’y brûler et y rester. L’regard vacille ; alerte ; crible les proies potentielles au battement d’un commerce au goût d’hier. D’avant. De l’existence où la seule question qui avait de l’importance était de savoir comment tenir avec le trop peu d'argent. Bidonville exotique. Couleurs anarchiques.

Un putain de bordel à ciel ouvert.

D’ici ; plus de repère. Le passé ; derrière. L’avenir en milliards de failles. Le doute en multiple et Cesare qui jubile. C’était ça ? Ouais, c’était là qu’ils allaient de nouveau survivre. Laisser mourir les souvenirs et repartir ? Benedict Brown. Seth Mansfield. Un univers fondé à leur image. Mon cul, rien d’autre qu’un grain d’poussière minuscule dans la multitude de miroirs qui font cette Terre. Des guerres. Des batailles et des pertes invisibles à l’œil nu de l'infini.

Elle le voit au fond Cali. Le brillant dans la rétine. L’appétit de l’euphorie. La soif d’infortune autant que d’imposture. Une seconde pour hésiter. Une seconde pour se figer. Et sa voix pour l'enivrer.

Wait for me.
Ouais j’t’attendrai Vincent. Jusqu’au bout. Jusqu’au paradis ou en enfer, qu’importe c’qui nous attend à la fin d’la course. Au bout du cimetière. Talkie grésillant ; l’index presse la détente.

« Il a juste bon goût, ça a l’air d’un type cool. » rire juvénile. Rire de gamine.

« Tu le sens comment toi ? J’suis qu’à moitié serein avec cette histoire de Commandant. Mais quoique tu décide, j’te suis. » Talkie désamorcé ; main libérée. Il y a des liens incompatibles ; des ennemis indestructibles. Qu’importe l’endroit.

« Che cazzo Costa, on dirait qu’t’as enfin trouvé les tiens. Une vraie famille de cafards. » Les doigts joints dans un signe rital. « J’crois bien qu’on a jamais eu l’choix en fait. Soit on vit et on s’engraisse sous la coupe d’un d’ces faux rois. Soit on crève libres dans une cabane au toit qui fuit au moindre coup d’pluie. » Menton fléchi sur un stand. Arômes anis. Alcool d’épices. J’sais pas c’que j’préfère, Cesare. On s’en balance du décor en fait. Tout c’qui compte, c’est tes yeux chauds, ton accent chantant, ton sens des affaires, et la fièvre d’une autre silhouette, quelque part derrière, semée par la foule, aux degrés plus raides que n’importe quelle éruption solaire.

Suicide Squad

feat. Ceux que tu veux pas dans ta team de survivalistes



Il sourit, le cafard, quand sa partenaire du crime jure en italien. Il sourit, le cafard, quand sa jumelle d’un autre sang ricane presque, en imitant ce signe parodique italien. Il sourit, vicieux, excité par le jeu du troc qui se déroule sous ses yeux. Cali reprend un semblant de sérieux, annonçant la vérité qui fait mal. Rester dans le coin pour s’engraisser aux frais d’un des faux rois qu’ils ont toujours tenté de fuir, ou crever au fond d’une vieille cabane, à se peler le fion en plein hiver sous la pluie qui fuit du toit. Le calcul est vite fait, ma cafarde. Vivons. Vivons à nous en faire tourner la tête. Vivons à en crever. Survivons alors que tous les autres crèveront et s’entretueront, comme toujours. Parce que l’humanité ne changera jamais. Et les cafards comme nous survivrons toujours…

- Bellissima, j’aime t’entendre parler italien…

Sourire ravageur, sourire provocateur. Il observe un stand, se glisse à côté d’un homme aux toutes petites lunettes. Sourcils froncés, visage émacié. Et une attention toute particulière sur un étal de bidules technologiques, qu’il n’a pas le temps de se rendre compte de ces doigts agiles qui se glissent dans sa poche, lui dérobent ce petit paquet de piles qu’il gardait pour un je ne sais quoi sur ce stand-ci. Les piles tout droit dans une autre poche… celle d’un voleur qui ne saurait renier ses bas instincts. Risqué ? Peut-être. Payant ? Sûrement… Alors qu’ils déambulent, Cesare se serre et se remplit les poches, discrètement. Raisonnablement.

- Et c’est vrai qu’ici, j’me sens dans mon élément…

Ca vaut le coup, non ? Nulle part chez soi, partout comme étranger. Un homme au sourire ravageur, au charme sans pareille, mais que l’on fuit comme la peste. Voleur, brigand, cambrioleur au mauvais coeur. Et pourtant, tu reste, Cali, parce que tu sais que tu ne saurais te passer du lâche cafard qui pourtant t’a déjà déçu plus d’une fois. Mais tu sais qu’il ne recommencera pas… ou tu te plais à le croire. Cesare aussi, il y croit. Plus que jamais… Résister à son penchant de lâche, ne plus décevoir le peu de ceux qu’il ose dire aimer. Alors il évite un acheteur, lui dérobe un bien. Taxe de passage.

- On peut rouler notre bosse ici, un petit moment, et voir c’qu’on peut tirer d’eux. Après on fout l’camp si ça dégénère…

Il tourne les talons, pour regarder en arrière, Cali qui le dépasse. Et dans son sillage, il le croise, ce putain de regard. Dans leur dos, il l’aperçoit, le rat qui les suit à la trace. Et tout son entrain se désagrège, dans un agacement qui ne lui prend que pour ses beaux yeux d’abruti sans cervelle.

- Pezzo di merda ! Fanculo alla madonna !

Vince Blake. Plus téméraire encore qu’un satané morpion.

Suicide Squad

   feat. The Inglorious Basterds



Un type cool, Vince Blake. Y'a qu'elle pour croire ça. Pour s'en foutre du reste. Plus de Kelowna, plus de Seth. Le monde entier à réinventer. Mais tu sais faire quoi d'autre, toi? La Colonie, ça sentait les chaînes, les embrouilles. Ici... Ici, pas de grillage, pas de promesses d'un autre âge, l'air du large seulement et l'abondance qui s'étale avec opulence à chaque pas.

P't être un coin pour Nana, pour Cali. Pour leur édifier un autel où elles ne manqueraient de rien. P't être un coin pour les types cool, finalement.

Ou pour les cafards.

Le genre qui s'infiltre partout, surtout là où on le veut le moins. Parasite d'une Cali protectrice. Ca finira mal, on dirait que t'es le seul à le voir. Et ça réveille ce qui sommeille. Pas le type cool, l'autre, la bête. Celui qui taille et qui saigne. Celui qui a juré qu'il lui ferait la peau à c't enfoiré.

Des bousculades dans la foule compacte, le chacal force le passage. Vers le rital et ses yeux qui oscillent. Vers Cali qui sent la tempête venir. Le savoir dans les parages, c'est comme se balader avec une grenade désamorcée dans le futal. La question est juste alors de savoir quand ça va péter.

Je m'approche le regard acéré comme le couteau qu'il m'faudrait pour l'émasculer, mais Cali en dernier rempart, je m'arrête à moins d'un mètre. Elle s'écartera pas, j'le sais. Alors peut-être j'peux oublier les poings et essayer de la raisonner. Yeux dans les yeux, la confiance, Cali, tu sais. Vince Blake, la voix de la raison, t'as le droit de t'marrer. Mais pas trop, j'suis sérieux.

"T'aurais pas dû le ram'ner là. C'est un putain d'aimant à emmerdes, Cali..."

Comme si vous deux, vous l'étiez pas... L'agitation gagne autour, on vous regarde, on vous épie d'un œil noir. C'pas bon pour les affaires.