Tu réveilles des fantômes à murmurer le passé.
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 Tu réveilles des fantômes à murmurer le passé.



Constance Baker
Constance Baker
The pain doesn't go away

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Ancien métier : Secrétaire stagiaire du colonel de la caserne de Kelowna
Occupation : Aide en cuisine et entretien des armes
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09.07.23 17:16
Tu réveilles des fantômes à murmurer le passé.

   Rafael Nuñez Vargas & Constance Baker

   


Le hurlement de ton nom déchire la moindre parcelle encore intacte de ton cœur. Sa voix s'égosille, se fragmente entre agonie et supplice. Les mots éclatent aussi vite que la chair de ton amie entre les dents des rôdeurs. Et le fusil de chasse glisse de tes mains.

Tu ressaisis ta prise sur l'arme de justesse dans un sursaut de réalité. Tremblante, la peau perlée de sueurs, tu murmures :

- Traites toute arme à feu comme si elle était chargée.

Tu déglutis, peinant à trouver un chemin pour ta salive. Cette consigne tu l'as mille fois entendue. Tu n'as pas besoin de te souvenir des règles d'entretien d'une arme. Non. Ce dont tu as besoin c'est de maintenir une totale concentration, un hyper-focus de tes pensées pour qu'aucun flash ne revienne te hanter. Alors tu vas gentiment répéter à voix haute la procédure à suivre.

- Pointes toujours ton arme dans une direction sécuritaire.

Tu es seule, comme souvent. Tu ne pourrais blesser personne et pourtant tu abaisses la visée vers le sol. L'ordre. Les procédures pour évacuer le cauchemar.

- Tiens le doigt éloigné de la détente et à l'extérieur du pontet.

C'est le plus difficile. Ta main droite éprouve le besoin de se placer en défense, prête à tirer. Tout ça parce que ton cerveau ne parvient pas à se sentir à l'abri. Tout ça parce que le calme est retombé. Tu t'es installée dans cette nouvelle communauté. Fini la fuite, fini l'instinct de survie. A présent tu peux souffler. Et te souvenir.

- Ouvres le mécanisme et assures-toi que l'arme ne contient aucune munition.

Le cliquetis de l'ouverture est une caresse à tes oreilles, presque une berceuse. Tu vérifies le trajet d'alimentation et tu examines l'âme du canon, aussi vide que la tienne.

- Nettoies toujours dans la direction du projectile.

Passer une brosse à l'extrémité de la bouche de l'arme, ce serait pousser la saleté, les résidus et l'humidité directement dans la chambre et le mécanisme. C'est papa qui t'as appris ça, après son retour à la base. Il avait fait le choix de retrouver la terre, pour être à tes côtés. Et tu l'as mené droit à sa mort, petite Constance. Comme tu l'as fait avec ton grand-père, puis Caroline.

- Centres l'écouvillon. Ne dénatures pas l'histoire de ton arme.

Ne pas écouter cette voix culpabilisante, répéter les consignes, les conseils. Ne pas dénaturer leur souvenir. Centrer. Se recentrer. Tu le revois. Tu revois son sourire tendre qui chatouille tes tempes tandis qu'il veille au bon nettoyage de son arme par tes soins.

« Regarde. Un œil expérimenté est en mesure de détecter le nombre de coups de feu rien qu'en examinant le canon d'une arme. Si tu laisses par négligence ta baguette de nettoyage frotter l'intérieur, tu falsifies cette histoire. Et tu laisses comme indication que tu ne sais pas prendre soin de ton arme. Sois précise. Concentrée. Suis le trajet du projectile. Sois le projectile, Constance. »

Un aveu de faiblesse s'extirpe d'entre tes cils au son de sa voix. Et déjà le timbre mélodieux de ses paroles trouve quelques fausses notes. Finiras-tu par oublier totalement ce son avec le temps ? Tu continues ton travail d'entretien, refusant les vagues. Il n'y avait bien que papa pour aimer les vagues. Il te faut retrouver ta force, te convaincre plus fort si tu veux les venger. Alors, tu poses le fusil ouvert avec précaution sur la table pour fermer les yeux et imaginer la pression de ses mains sur tes joues. Et déjà tu devines le rire fantomatique de ton grand-père qui adorait assister à cette scène.

Tu boudes car il a encore refusé de te donner ta propre arme. Il adore quand tu boudes. Il aime tout de cette moue que tu fais et vient pincer tes joues entre elles pour te donner un air plus grognon encore.

- Chien méchant....

Puis il étire ta peau à l'inverse, en direction de tes oreilles pour la lisser et te forcer à sourire.

- Chien gentil !

Il répète ce jeu jusqu'à te faire rire de toi-même, pour ensuite te prendre dans ses bras et venir poser un baiser sur ton crâne en t'appelant son petit pitbull d'amour.

- Tu n'as pas besoin d'arme, Constance. C'est toi le projectile. Et ton histoire sera fascinante à découvrir dès lors que tu laisseras un œil expert te regarder. Avait-il finit par conclure.


Tu as bien été le projectile. Tu as été cette foutue balle commune qui a causé la mort de tous ceux qui t'ont protégé, qui t'ont aimé. Et te voilà dans une nouvelle communauté, prête à recommencer ?
Tes doigts viennent effleurer le canon avec nostalgie. Tu seras la balle dans le cœur de ces putains d'Eriksson. Alors tu entames la petite chanson en promesse.

- Chien méchant...

- Chien gentil !

Obnubilée par les fantômes du passé, tu as oublié le plus important de tes sens. Tu n'as entendu personne ne faufiler dans ton dos. Et à présent que sa voix transperce ta solitude, tu le reconnais. Tu te souviens de chaque note, de chaque micro rire partagé avec lui, entre deux murs moisis, humides et glacials. C'est si soudain, si venu de nulle part que tu hésites à te retourner. Peut-être est-il mort aussi ? Peut-être fait-il parti des fantômes ? Confonds-tu ? Non. Il est le seul à qui tu as raconté ce jeu avec papa.

Alors tu pivotes. Doucement, avec précaution. Pour donner le temps à ton cerveau d'accepter. Pour choisir la vie et l'espoir. Tu connais ce visage. Tu l'as même à plusieurs reprises entendu parler depuis l'exil. Alors pourquoi ne l'avoir jamais reconnu ? Les liens se font petit à petit, les indices, les coïncidences. Et tu voudrais pouvoir lui tomber dans les bras. Mais se fait-on des câlins entre codétenus de prison ?

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Rafael Nuñez Vargas
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Tu réveilles des fantômes à murmurer le passé

   feat. Constance

   


L’instinct en berne, le coeur au repos. Pas une ombre au tableau, le souvenir des morts hantant l’esprit. La certitude qu’ils ont trouvé la voie vers l’au-delà, la patience de les retrouver lorsque son tour viendra. Mais pas aujourd’hui, pas tout de suite. Pas après avoir réchappé du crash de son avion… pas après être sorti vivant de l’enfer d’un Colisée post-apocalyptique… pas après l’explosion de sa ville natale par une armée qui lui est inconnue… Pas après tant de douleur, pas après tant de pertes. Ce n’est pas pour aujourd’hui, Rafael. Pas pour tout de suite… Car tu les as retrouvé, ceux que tu cherchais tant. Ta famille. Et tu l’as trouvée, elle. Celle pour qui tu renverserais des montagnes, celle pour qui tu te damnerais et vendrais ton âme. Car tu as tant à protéger, tant à donner. Ce ne sera pas aujourd’hui… Et pourtant, en haut du mur d’enceinte, tu penses à cet instant. Où tu retrouveras papa, tu retrouveras maman. Tu retrouveras ceux qui sont tombés, ceux qui sont partis… Mais peu importe, car ils peuvent attendre encore un peu et tu peux profiter d’une nouvelle vie, de nouvelles promesses. Tu peux vivre, Rafael. Tu peux la voir grandir, Rafael. La petite Zelda. Ta petite Zelda.

- C’est quoi ce sourire de crétin que tu nous affiches, Vargas ?

Le regard se tourne et croise celui de Niklaus, son sourire tout aussi large que le sien. Une tape sur l’épaule du mexicain, le blond ricane.

- T’es plus bon à rien toi, vas te reposer, j’suis là pour prendre ta place. Aller, dégage de là !

Roulement des yeux jusqu’au ciel, une tape en retour, plus forte, dans le dos de l’allemand.

- T’as pas fini, toi !! Bon… c’est bien parce que je n’arrive plus à me concentrer que j’t’obéis, mais seulement à cause de ça. Aller, t’endors pas non plus ! Et crie pas au moindre problème, je sais que j’te sors de la merde trop souvent, mais abuse pas.

Des rires, à gorges déployées, qui font du bien. Une dernière vanne, puis le mexicain qui redescend de son perchoir pour retrouver le sol et prendre le chemin vers ce qui tient lieu d’armurerie. Pas encore de repos, il doit nettoyer son arme, la garder affûtée, prête au moindre instant. Ses pas se succèdent et ses pensées défilent. Mains dans le dos, le regard tourné vers le ciel. Il parvient à l’entrée du bâtiment, un pas pour franchir le seuil…

- Chien méchant…

… qui se stoppe net. Le coeur en soubresaut et les lèvres qui s’entrouvrent…

- Chien gentil !

Et le silence, l’absence de mouvement dans un temps qui semble se suspendre indéfiniment. La silhouette ne se retourne pas, le pilote ne bouge plus. Cette voix… ces intonations, cette manière de poser ses syllabes. Les souvenirs le submergent de plein fouet. Celui de la douleur, lancinante, oppressante. Celui de la mort lui murmurant une poésie à l’oreille, mortelle. Celui de cette voix… celle-ci même qui résonne encore dans la pièce. Et les rires. Les anecdotes partagées, sans réellement se donner un nom. Une voix dans un cauchemar… Une voix sans visage. La silhouette pivote, se retourne, doucement. Et les regards se croisent. Des yeux qu’il connaît, un visage qu’il reconnaît. Pour l’avoir croisée, pour s’être enfui avec elle, lors de la grande migration de Kelowna pour la Colonie. Pour l’île de Vancouver. Un voyage ensemble, le regard ouvert et pourtant aveugle à l’évidence…

- Gracias a dios…

Ni un fantôme, ni une hallucination. Pas cette fois. Le mexicain s’avance dans la pièce, un pas, puis un second, et se retrouve face à la jeune femme. Sans un mot, il tend ses bras, dépose ses mains sur ses épaules et l’attire doucement à lui dans une étreinte tendre de ceux qui ont partagé le pire.

- Co-comment ne t’ai-je pas reconnue… tu-tu es en vie.

Un instant, rien qu’une minute sans se voir. Pour entendre la voix de l’autre, encore. C’est toi… Et reculer, maintenant, pour mieux la découvrir, cette amie d’un cauchemar infini. Cette voix dans les ténèbres, rocher contre la folie.

- Co-comment…

… est-ce possible ?

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Constance Baker
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30.07.23 16:49
Tu réveilles des fantômes à murmurer le passé.

   Rafael Nuñez Vargas & Constance Baker

   


Le temps se fige. C'est une photographie qui prend tout son temps pour se parer de couleur. Et les protagonistes deviennent des sujets, des objets immobiles privés de tout libre arbitre.

Elle regarde cet homme qu'elle n'a cessé de croiser depuis l'exil, la bouche entrouverte de stupeur. Son corps est de marbre et pourtant son cœur bat la chamade. Lui reviennent d'autres clichés, si frais encore en mémoire qu'ils s'animent et se ressentent. La pierre glacée collée à sa colonne vertébrale. La dureté des reliefs malmenant ses muscles fessiers et l'empêchant d'acquérir un sommeil récupérateur. L'humidité si forte qui rend sa peau poisseuse. L'odeur âcre et nauséabonde du manque de sanitaire. Les clapotis du passage des rats. Le silence à rendre fou brisé par les cris aléatoires de torture dans d'autres cellules. Et la voix de cette inconnu qui vient réchauffer son cœur et maintenir son esprit en place.

Il était là. Dans ce nouveau foyer. Depuis le départ, il était là, à partager la vie d'Hannah, à étendre son savoir et son expertise. Et pas une seule fois elle ne l'a reconnu. Constance ne saurait expliquer pourquoi. Sans doute une histoire de sens. Ariel lui demandait souvent de fermer les yeux lorsqu'il lui racontait une histoire. « La vue limite tous nos autres sens. ». Rafael est l'homme qui lui fait face à cet instant, mais sa voix... Sa voix appartient à ce compagnon de geôle et cela lui paraît être une toute autre personne, si bien que les associer lui semble impossible.

Les mains de l'homme viennent la chercher pour l'attirer à lui. Encore sous le choc, elle est incapable de s'en extraire et n'est pas même certaine de vouloir le faire. Pourtant ce qui arrive est ce qu'elle appréhende le plus au monde. Un câlin.

C'est une situation de stress. Un événement nouveau, imprévisible dont elle n'a aucun contrôle. Alors son cerveau cherche à l'analyser. Il fait appel au passé, aux multiples souvenirs pour retrouver une trace similaire et savoir comment réagir. Et le premier fragment qui éclate devant ses yeux est celui précisément donc elle n'avait pas besoin. Ce n'était pas un câlin. Ni même une étreinte. Non. Non, ce n'était qu'emprise et force. Domination du mâle sur sa proie. Aussitôt le corps de la jeune femme se raidit et ses poils se hérissent, prêts à piquer en défense si seulement ils le pouvaient.

Et puis vient autre chose. L'embrassade de Rafael n'a rien d'un étau. Elle est tendre et protectrice, comme remplie de mots doux qu'on ne formule pas. Alors les méninges cherchent tout autre image. Ce n'est pas simple. La famille Baker n'a jamais été démonstratrice, encore moins tactile. On ne se disait pas « je t'aime ». On ne s'enlaçait pas. Tout juste un baiser sur le front pour dire bonne nuit. Encore fallait-il être présent pour cela. Pourtant un minuscule écho de cet amour fait surface et empêche Constance de fuir.

C'était l'été juste avant la grande séparation. Jake et Brianna Baker avaient pris la décision qu'à son entrée au collège, leur fille serait placée auprès de son grand-père à la caserne de Kelowna. Bien que convaincus du bienfondé de cette résolution, ils avaient tenu à se libérer l'un et l'autre toute une journée afin de profiter de leur enfant avant qu'elle ne grandisse, comprenne et peut-être leur en veuille. En dehors des voyages professionnels qui impliquaient rarement des destinations ensoleillées, ils n'étaient jamais partis en vacances. Ils ne le pourraient pas non plus ce jour. Alors, ils ont fait semblant. Jake avait installé un bac de sable dans le jardin ainsi qu'une petite piscine gonflable aux allures bien trop enfantines pour une pré-ado de onze ans. Et Brianna avait prévu un pique-nique, des jeux et de quoi prendre soin de sa peau. Ainsi ils avaient passé leur journée à barboter, bronzer, jouer, manger, se faire des soins, rire, s'aimer... Au point qu'à la tombée de la nuit, alors qu'ils devaient repartir l'un et l'autre à leurs métiers, les parents s'étaient accordé une rare embrassade avec leur fille, bien conscients qu'elle quitterait dès lors et pour toujours l'enfance.

C'est à cet instant que les bras de Rafael se connectent. A ce qu'elle considère comme étant son meilleur et unique souvenir de vacances en famille. A ce câlin en trio avant que tout ne bascule. Avant qu'elle ne grandisse et qu'un autre ne vienne lui voler toute signification bienveillante d'un geste affectif.

C'est beaucoup trop pour son petit cœur. Les larmes font surface en gros sanglots et ses bras frêles s'enroulent autour de cette voix qui a pris forme. Et c'est à contrecoeur qu'elle le laisse se détacher. Elle pensait ne pas aimer cela, détester tout contact physique et il est probable que ce soit encore le cas. Pourtant elle a la gorge enrouée et une sensation soudaine de manque, comme une drogue. Pourquoi l'a-t-on privé de ça ?

Les couleurs reprennent leurs places sur la photographie et la feu-enfant peine à reprendre possession de son corps.  

- C'est toi. Minaude-t-elle avec difficulté.

Comment ? C'est une excellente question à laquelle elle n'est pas sûre de vouloir répondre. Il faudrait encore mettre en pause le temps et revenir sur toutes les horreurs. Comment peut-on en arriver là ? A devoir chercher bien plus profondément des souvenirs heureux qui viennent à se compter sur les doigts d'une main tandis que les cauchemars pullulent.

- Ce jour-là... Le jour où ils devaient m’exécuter... On m'a sauvé. On m'a permis de fuir et... Seth. C'est là que Seth a voulu faire alliance avec le Colisée. Caro...

Son prénom fait affreusement mal. Et elle se force à garder les yeux bien ouverts pour atténuer les autres sens qui tentent avec perfidie d'amener plus de réalité aux derniers instants passés à ses côtés.

- Elle m'a amené en sécurité. Enfin... jusqu'à l'arrivé des militaires et l'extermination de Kelowna.

Et aujourd'hui ils sont là. Tous les deux. Elle voudrait lui dire tellement de choses. Mais une seule vient, une seule lui manque terriblement. Son visage ravagé par les pleurs fonce dans le torse de Rafael pour s'y loger encore un peu plus.

- Et toi ? Comment ? J'ai eu si peur quand tu as cessé de me répondre.

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Rafael Nuñez Vargas
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   feat. Constance

   


Un regard, sur cette voix. Lueur dans les ténèbres, pour ne pas devenir totalement fou. Les courbes d’un visage si longtemps imaginé, des lèvres qui se crispent d’émotion et les mains qui relâchent l’étreinte à contre coeur. Les yeux du loup humides, il observe la vision qui se dresse face à lui. Et ses yeux si grands, victimes des sentiments qui traversent son âme. Tu es si jeune… Sa voix, dans les ombres, paraissait plus âgée. Ses mots, la dureté de sa vie… elle ne semblait pas si jeune. Pas si ingénue, si frêle. Elle ne l’est pas… et le mexicain le sait. Dans le timbre de sa voix, les récits de ses souvenirs partagés. Tu es si jeune… et forte. La voix s’extirpe de la gorge de la jeune femme.

- C’est moi… qu’il répète après elle.

Le temps se suspend un instant, rien que quelques secondes. Le silence en extase, le destin ricane. Et Constance se détend, ses lèvres se délient, les mots se succèdent, indécis. Et racontent… L’horreur d’une alliance entre les protectors et ces fous du Colisée, son exécution et son sauvetage. Sa fuite dans la nuit, sa course pour la vie. Il sent une profonde tristesse l’envahir, tenter de la submerger. Elle termine son récit, dans les grandes lignes, avant de se taire. Le regard fuyant, et pourtant ravagé par des pleurs qui l’assaillent alors, touchant au coeur le grand loup protecteur. Il veut parler, la rassurer, n’en a pas le temps, pas un instant. Elle se rue vers lui, ses bras enlacent son corps, son visage se fond dans le torse du mexicain. Elle pleure, dans son t-shirt. Elle pleure, et parvient à laisser échapper quelques mots alors que Rafael glisse ses mains dans son dos, accueille cette seconde étreinte dont elle a tant besoin. Lui aussi…

- Je suis désolé…

Il déglutit, les remords au travers de la gorge. Mais que pouvais-tu faire… Terrassé par les coups des gardes, rouvrant tes blessures indéfiniment. Une jambe brisée, un corps fantôme. Que pouvais-tu faire, lorsqu’il est venu te sortir de là ? Ta voix brisée, coincée dans ta gorge… Ses mains à lui qui t’ont porté dans le dédale des couloirs. Ton incapacité à te porter toi-même. Que pouvais-tu faire ? A part supplier de l’emporter avec toi… T’aurait-il entendu, lui qui avait été ton frère ? T’aurait-il aidé ? A quel point a-t-il changé…

- J’entendais ta voix qui m’appelait, le dernier jour… la mienne… me faisait souffrir, après… le dernier passage du dernier garde… je… je ne voulais pas t’inquiéter, mais mes… blessures étaient graves… ils s’amusaient à… frapper au même endroit.

La faiblesse du corps… tu te mords les lèvres, l’œil humide. Honteux de ce jour-là… honteux de n’avoir pu la tirer de là, elle aussi. Incapable de prononcer le moindre mot.

- J’ai retrouvé un vieux frère, dans l’arène… un ami que je croyais mort. Sans lui… je l’aurais été moi-même, dans cette arène… je pense qu’ils comptaient m’exécuter, parce qu’il est venu au bout d’un moment… après ce jour-là, où ils… m’ont roué une fois de plus de coups… il est venu et m’a sorti de là… tellement vite… il m’a trainé dehors, je n’avais plus les idées claires… ma jambe brisée, mes côtes détruites… j’avais si mal, partout et… et… il me tirait de là, sans une oreille pour mes gémissements… il semblait… pressé. J’aurais dû être exécuté le lendemain… il m’a sorti de là, m’a… laissé à des kilomètres de là dans la forêt…

Le souvenir de cette nuit, terriblement longue. Un corps qui se démène, pour survivre. Pour retrouver le chemin des siens… un bout de bois comme seul aide, avant de voir sa silhouette face à lui… Cat. Sa course pour le rattraper, alors qu’il souriait, épuisé. Ses mains qui le rattrapent… et la route jusqu’à Highgate… l’esprit embrumé. Le premier baiser. Une déclaration. Et le lendemain… les larmes, intarissables. Incompréhensibles pour les autres. Douloureuses pour lui. Et une pensée qui le hantait… la petite voix dans la cellule voisine.

- Je suis désolé… je… suis… tellement, tellement désolé… j’aurais dû… j’aurais dû venir te chercher, j’aurais dû… mais… je suis…

Un mouvement, l’étreinte se brise légèrement, pour apercevoir le visage de l’autre. Et elle le voit, le visage du mexicain. Inondé de larmes. Inondé des remords de l’avoir abandonnée à son sort. Mais que pouvais-tu faire ?

- … désolé.

Sauras-tu me pardonner…
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16.08.23 10:21
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   Rafael Nuñez Vargas & Constance Baker

   


Entendre la cruauté du Colisée sur Rafael est un réel électrochoc. Non pas que tu sous-estimais leur capacité de perversion. Tu les as vu à l'oeuvre plus d'une fois. Et puis... Papa. Grand-père. Mais revivre ces instants de geôle d'un autre œil te faire réaliser une nouvelle fois l'ampleur de l'horreur. Rongée par la culpabilité, tu passes ton temps à sous-évaluer ce que tu as subis. Tu ne t’aie jamais plainte, tu n'as donné aucun crédit à toute ta souffrance, trop persuadée que tu la méritais. A présent que cette réalité sort de la bouche d'un homme qui ne méritait rien de toute cela... La rage ressentie lors de l’exécution de ta famille refait surface et se loge au creux de ton ventre pour remonter par soubresaut jusque dans ta gorge.

Tu bénis intérieurement ce vieux frère qui l'a sauvé. Il en existe donc d'autres. D'autres que Caroline, Adalie, Chester et Luke. Des lumières dans l'obscurité qui, en l'espace d'une fraction de seconde, peuvent sauver une vie et renverser le cours des choses. Mais à quel prix ? Caro est morte et les autres ont fait le choix de retourner auprès du Colisée. Et si aujourd'hui le Colisée a été rayé du monde, tu n'es pas suffisamment naïve pour les croire tous morts. Ils s'en sont sorti, c'est sûr. La mort de Seth t'a quelque peu rassuré sur l'alliance qui se préparait, surtout après avoir entendu les échos du règne de ce dernier. Mais tu crains encore pour la sécurité de ceux qui t'entourent et ta vie n'est toujours qu'un compte à rebours. Il ne tient qu'à toi de l'inverser.

Tu viens prendre la main de ton ancien voisin et la presser avec empathie lorsqu'il parle de sa sortie et du calvaire en forêt. Te revient en mémoire ta propre fuite. La peur, le souffle court, le corps affaibli, les hurlements au loin. A cet instant tu n'imaginais pas une seconde survivre. Et pourtant... Pourtant tu es là aujourd'hui et lui aussi. Il reste donc de l'espoir.

Tu as tellement l'habitude de baigner dans ta propre culpabilité qu'il te paraît inconcevable que quiconque autre puisse éprouver le même sentiment. Aussi lorsque Rafael se confond en excuse en brisant l'étreinte, le visage ravagé par les larmes, tu ne comprends pas. Tu restes là, un instant interdite, cherchant le pourquoi du comment.

- Non.

C'est incompréhensible pour toi. Pourquoi aurait-il voulu venir te chercher ? Tu peines déjà à accepter que Caro ait voulu te sauver, alors... Pourquoi ? Il aurait mis sa vie en danger, celle qu'il venait tout juste de sauver. C'est débile. Tu n'en vaux pas la peine.

- Non ! Non, tu n'aurais pas dû. Non tu n'as pas à être désolé.

Tes mains viennent s'emparer des bras de l'homme pour le maintenir.

- Rafael. Regarde-moi.

Il pleure et tu pleures. Sa vision doit être aussi trouble que la tienne, mais qu'importe.

- Tu n'aurais rien pu faire. Rien. Et quand bien même, je suis ravie que tu ais privilégié à cet instant-là TA vie plutôt que la mienne. Quand je vois Hannah et votre petite Zelda... Quand je vois la famille qui compte sur toi... Ta vie prime. Nous n'avons plus le luxe de mettre nos vies de côté pour les autres. Parce que si tu meurs, qui va les protéger ? Qui va les aimer et leur rendre la vie un peu moins dur ?

Il a cette chance d'avoir une famille. Alors il est hors de question qu'il puisse être un de ses sacrifiés pour ta pauvre petite gueule. Tu viens pointer ton index sur sa poitrine, la voix pleine de nouveaux sanglots.

- Ta vie compte. Et elle doit être ta priorité, d'accord ?

Vous vous prenez de nouveau dans les bras pour une énième étreinte et tu prends terriblement goût à cette sensation. Une fois les larmes presque séchées, tu retrouves toutes tes inquiétudes et la nouvelle colère qui réclame vengeance.

- Dis... Avec... Avec la fin de Kelowna... Et si la meute du Colisée était ici aussi ? Pas à Babylon heureusement, sinon je serai déjà morte, mais... Et s'ils n'étaient pas loin ? Ils sont vivants, c'est certain. Surtout cette salope de Natalia, elle est increvable.

Par pitié qu'il ait cette même envie, cette même soif que toi. Qu'il ne parle pas de paix, d'oubli ou de pardon.

- Je veux les voir souffrir comme on a souffert. Et je veux les voir crever la bouche ouverte comme papa, grand-père, Caro et bien d'autres.

Tu sais bien que la mort de ta sauveuse n'est pas réellement de leur fait. Mais si elle n'avait pas eu à fuir avec toi, elle aurait été en sécurité ce jour-là et aucun infecté n'aurait pu la mordre. Il est plus facile de mettre la faute sur la famille Eriksson que sur la tienne. Et pourtant...

- Tu... Ils... Ils me cherchent. Et ils me chercheront jusqu'à ce que je sois morte.

Ce qui revient à mettre la si jolie famille de ton ami en danger. Et ça, ça t'es inconcevable. Alors deux solutions : soit tu pars, soit tu te bats et tu en finis avec eux. Mais tu ne peux pas te battre seule. Le voudra-t-il, lui ?

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Rafael Nuñez Vargas
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Ancien métier : Pilote de l'armée canadienne
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05.09.23 22:49
Tu réveilles des fantômes à murmurer le passé

   feat. Constance

   


La morsure de la honte, dans son âme meurtrie, brûle. Les larmes, en torrent dévastateur, sur ses joues rouges. Et le regard de sa voisine d’un cauchemar qui se pose sur lui, bienveillant. L’opposé de ses attentes… La haine, le mépris, rien. Rien qu’un regard compréhensif, doux. Non. Un hoquet secoue sa poitrine, alors que les larmes se calment. Il cesse de se confondre en excuses, ouvre ses oreilles de loup au couperet qui tombe. Non. Ses mains s’emparent des bras du mexicain, comme pour le maintenir face à elle. La fuite impossible. Regarde-moi. Tenter de fuir son regard qui le transperce est illusoire. Et ensemble, ils pleurent. De la souffrance d’un cauchemar partagé, du bonheur de se retrouver. De se rencontrer. La voix de Constance murmure pour le pilote seul, des mots rassurants, pour le convaincre qu’il n’est pas fautif. Qu’il devait sauver sa peau, sans penser à la sienne… Et pourtant, il ne peut s’empêcher de penser autrement, parce qu’il est comme ça. Le sauveur, celui qui se sacrifie pour les autres. Pour l’amour. Pour rappeler à l’humanité sa profonde nature, celle oubliée de trop nombreux survivants… La bienveillance. Rafael ne peut se résoudre à abandonner quelqu’un à la mort, plus encore lorsqu’il a partagé l’enfer avec elle. Le doigt de sa complice sur sa poitrine, des mots qui se plantent dans l’esprit du mexicain.

- Ta vie compte aussi, Constance… qu’il glisse dans un murmure à peine audible.

Au milieu de l’armurerie, une nouvelle étreinte, pour effacer les derniers sanglots. De longues minutes s’écoulent avant que les bras ne se desserrent, avant qu’ils ne reculent et ne se tiennent de nouveau face à face. Son coeur, il le sent dans sa poitrine, qui tambourine. Il pulse fort, sans calmer sa course. Mais les larmes ont disparu alors que la jeune femme reprend la parole, hésitante. Colère irisant sa pupille. Et elle met des mots sur les pensées de l’ancien militaire. Et si les anciens ennemis s’en étaient sortis ? Et si des protectors, dignes héritiers de Seth Mansfield, tentaient de faire vengeance… et si le Colisée n’était pas tombé, pas entièrement… et si des survivants tentaient à nouveau de reprendre le pouvoir de leurs leaders déchus. Il ne suffit parfois pas de couper la tête de l’hydre pour que le combat cesse, car il n’y a rien de plus difficile à éradiquer qu’une idéologie.

- Il y a un risque pour qu’il y ait des survivants… Qu’ils osent seulement mettre un pied à Babylon, c’est mon arme qu’ils retrouveront braquée sur leur gueule…

Autrefois, il aurait parlé de paix. Autrefois, il aurait parlé de trouver une solution. Seulement, l’ancien Rafael n’est plus… disparu dans cette cellule. Dévoré par l’apocalypse. Sauver ceux qui doivent être sauvés. Ceux qui le peuvent… les âmes damnées, sadiques tortionnaires d’une nouvelle ère, la mort seule les attend. Et le canon du flingue de l’ainé Vargas en première ligne. Plus que protéger, Rafael fera rempart de son corps pour ceux qu’il aime. Terminé les sacrifices à des inconnus… Il la sent, la terreur de Constance. Le tremblement de sa voix, l’hésitation de la confidence. Alors le grand frère tend la main, s’empare de la sienne. Et comme elle quelques instants plus tôt, il la force à le regarder.

- Je ne les laisserai plus jamais s’en prendre à toi, je te le jure, Ils crèveront une balle dans la trogne et cette fois-ci, je n’hésiterai pas.

Sous ses sourcils, son regard se durçit. La vengeance dans la peau, la rage au ventre. La haine en ligne de mire… Il ne reculera devant rien pour les siens. Il ne reculera devant rien pour mettre sa renarde et leur louveteau à l’abri. Il ne reculera devant rien pour sa meute… Et Constance en fait désormais partie, qu’elle l’accepte ou non. Partie de la meute du loup du nord.

- Qu’ils approchent seulement… je les attend.

Plus qu’une promesse, un message de vengeance semé au vent. Et cette pensée qui toujours tourne dans son esprit, douloureux questionnement… Et toi, Joakim, dans quel camp seras-tu ? Si tu es en vie… Il ne peut s’en empêcher, les questions tournent et tournent dans son esprit concernant son vieux frère. Il sait, ô combien sa famille est complexe. Il sait, ô combien sa mère le bouffe et le dévore de l’intérieur. Il sait… ô combien il lui est dévoué. Mais jusqu’à quel point ? Où se situe le point de non retour ? Et surtout… à quel point sa mère est-elle sadique… Après tout, il ne l’a jamais rencontré, la reine Eriksson. Mais son vieux frère… il ignore encore ce qu’il est devenu.

- Est-ce que… tu as aperçu des membres du Colisée à notre arrivée à la Colonie ?

As-tu vu Joakim…

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