La Geste d'Arthur P. Bayard

Bon, pour comprendre ce fantastique et étrange survivant qu’est Arthur Bayard, il faut remonter dans le temps.

Il n’y a pas grand-chose à dire sur son enfance. C’est un enfant unique et ses parents ont décidé de l’appeler Arthur. Vous savez, comme le roi de légende avec le Graal... Ça va bien avec un nom  comme Bayard… Qui ressemble à celui de Pierre Terrail de Bayard... Chevalier sans peur et sans reproche... Oui ses parents n’avaient pas beaucoup d’imagination et aimaient bien l’histoire ainsi que les romans de fantaisie. Avec un tel cadre familial, on peut souligner qu’il s’intéressa assez rapidement au même centre d’intérêt que ses parents.
Hormis ça, il eut une enfance normale et heureuse composée d’amis, d’ennemis, de goûters d’anniversaire, de bouderies et de caprices.

Au collège, il se démarqua en Arts-Plastique, il aimait faire des sculptures et s’amusait beaucoup dans les divers projets de son professeur. Il découvrit aussi un nouveau passe-temps génial : le Jeu de Rôle. Aimant les œuvres médiéval fantastique ainsi que la période historique du moyen âge, il s’épanouie grandement dans les univers de Donjons et Dragons et de Warhammer.

Arriva le lycée et la puberté. Arthur continuait d’émerveiller les professeurs d’art avec ses sculptures. Il découvrit aussi les Arts Martiaux Historique Européens ou, en abrévié AMHE. Lors d’un forum des sports, une association y avait un stand et faisait une démonstration. Il fut immédiatement séduit par le côté « classe » de savoir manier une épée mais aussi par toute la démarche de recherche des techniques de combat ancienne. Il n’hésita pas plus longtemps pour s’inscrire.
La combinaison de son attirance pour la sculpture et ses divers passe-temps, l’amena un jour à faire des recherches sur l’art de la ferronnerie. Pouvoir créer des objets en métal, faire des sculptures voir même impressionner ses amis rôliste ou de son association avec des épées personnalisées, cela l’intéressa. Il commença à se construire un petit atelier, dans le jardin de ses parents, pour pouvoir en faire en amateur. Mais il se rendit rapidement compte que c’était beaucoup plus technique qu’il n’y paraissait et que ses outils « fait maison » sont bien moins performants que ceux des ateliers professionnels.

Après le lycée, il étonna beaucoup de personne en annonçant son plan de carrière. Beaucoup l’imaginait comme un historien, mais il avait décidé de transformer son intérêt dans le travail du métal en un métier.
Arthur se lança dans trois longues années en DN MADE, Diplôme National des Métiers d’Art et du Design. Il dut quitter sa ville et une bonne partie de ses amis. Cependant, il ne resta pas nostalgique longtemps, il se plaisait dans ses études et fit de nouvelles rencontres. Il laissa un peu de côté les AMHE, même si parfois il s’amusait à s’entrainer un peu. « Pour garder la forme » disait-il.
Ce fut pendant ces années qu’il développa un certain goût pour le café. Cela commença par quelque tasse pour s’aider à tenir durant les longues soirées de révisions... Puis ça se termina en une certaine expertise sur les arômes et les différents types de café.

Il décrocha son diplôme et essaya de se lancer dans la vie professionnelle. Le début fut extrêmement compliqué. A part travailler pour des particuliers, se faire un nom en tant que ferronnier d’art était complexe. Il alterna entre des petits jobs et sa vocation pendant quatre ans. Et ce fut Pierre Legrand, un ami du collège, avec qui Arthur avait gardé le contact malgré la distance, qui lui donna une des clés de son succès. Il lui dit, lors d’une soirée de retrouvaille : « Mais pourquoi tu n’fais pas des fêtes médiévale ? Ou des festoches ? Tu fais des trucs inspiré de pop-culture en métal et tu les vends ? ». Et ce fut une bonne idée. Arthur se fit une petite réputation, les clients ne se poussaient pas, mais après plusieurs années, il arrivait à en vivre.

Ce fut pendant un de ces festivals en 2003 qu’il rencontra Jane, une étudiante Canadienne qui était en France pour une année. Ils discutèrent longuement et à la fin, ils s’échangèrent leurs numéros. Arthur hésita longtemps avant de la recontacter. Ce fut elle qui lui envoya un message quelque jour plus tard. A force de discussion, d’échange d’idée et de visite, ils finirent par rester ensemble. Jusqu’à la fin de l’année étudiante, leur histoire grandit, mais la séparation fut compliqué. Elle devait retourner au Canada et Arthur n’était pas encore sûr de vouloir partir de France.
Après un an  de relation à distance, de visite courte mais intense, d’essai dans des festivals Canadien, Arthur pris la décision. Il partit retrouver Jane et commença sa vie au Canada.

Ce fut un peu compliqué au début, n’ayant pas de réputation international, il vivait un peu au crochet de Jane, qui n’avait qu’un budget étudiant. Il reprit donc les petits boulots ingrats, mais son expérience en France lui servit. Il réussit plus rapidement à trouver des clients. Après cinq ans, Arthur et Jane s’étaient installés dans une petite maison tranquille dans une ville, non loin de Vancouver. Ils y avaient leurs habitudes, leurs petites routines. Ils s’aimaient, mais le train-train érodait petit à petit la passion originelle. De son côté, Arthur trouva un club d’escrime médiéval qu’il rejoint quasi immédiatement. C’était une passion qu’il avait un peu perdu de vue mais qui lui fit extrêmement plaisir de retrouver, il y rencontra Franck, un jeune homme qui avait des passions semblable et qui lui fit reprendre contact avec le monde du JdR. Il s’était aussi fait une petite cabane atelier dans leurs jardins. Jane avait trouvé un travail qui lui plaisait à Vancouver et n’avait plus trop le temps de suivre son petit ami dans ses escapades en festival et autre événement particulier.

Ce fut l’année suivante qui marqua la fin de leurs relations. Ce ne fut pas un grand clash comme dans les films, cela se passa en douceur. Ils y eurent bien sûr des désaccords, qui finissaient souvent en engueulade, mais ce fut surtout un éloignement de leur centre d’intérêt. Ils se voyaient moins, ne faisaient plus en sorte d’avoir des moments rien qu’à eux. Au bout d’un moment, ils se quittèrent d’un commun accord. Jane partie vivre à Vancouver et lui resta dans leurs maisons. Déplacer son atelier était compliqué. Mais la maison était trop grande pour lui seul, il dut se résoudre, après plusieurs mois, a partir.
Il trouva une offre immobilière intéressante dans la ville de Kelowna. Une petite maison avec un peu de terrain, de quoi déplacer son atelier perso. Il s’installa et continua sa vie avec sa routine habituelle. En plus de faire des commandes pour des particuliers, de participer à de nombreux festivals, il fut convaincu par Franck de se mettre au LARP et que ses compétences de ferronnier y seront très apprécié. Effectivement, après deux ans, il se retrouva avec plus de client demandant de faire des répliques d’armes ou d’armures, des bijoux simples comme des torques ou des fibules, que des personnes voulant des portails ou des ensembles de tables de jardins. Il décida aussi de se forger sa propre armure. Il commença doucement et cela lui pris plusieurs années pour finir le set complet. Mais il fut fier du résultat. Lorsqu’il la porta pour la première fois dans une grandeur nature, il faisait le fier. Elle brillait comme un joyau pendant que lui se faisait des films sur ce que pensaient les autres. Et après, la routine revint. Se lever le matin, travailler dans son ateliers, retrouver les amis le soir et ainsi de suite.

Et arriva l’année maudite, l’année 2017. Arthur fut choqué de voir le monde peu à peu sombrer dans un scénario qu’il n’avait vécu que durant des parties de jeux de rôles. C’était impossible à concevoir pour lui. Le monde s’écroulait devant ses yeux, son univers fait d’habitude se fissura et disparu. Le plus dur fut le manque de café. Vu que les magasins se faisaient pillés très rapidement et que les lignes de réapprovisionnement n’existaient plus, il devait se limité et parfois se contenter d’un vieux café soluble immonde.

Au début, il essaya de s’organiser avec son groupe d’amis, John, Tom, Lana, Charlie et Franck. Ils trouvèrent un endroit à défendre. Ils commencèrent à faire des rondes et récupérer des ressources. Chacun savait théoriquement comment survivre face à une apocalypse Zombie, mais aucun n’avait de véritable compétence en survie.
Au début, ils s’étaient imposés des règles, ne jamais sortir tout seul, toujours faire attention au zombie, mais les petites erreurs coûtent extrêmement chère dans ce genre de situation.

Le plus dur pour Arthur fut la mort de Tom. Ils étaient sortis pour faire des réserves. Arthur était un habitué, vu qu’il avait son armure médiévale qui était la meilleure protection contre les zombies de son groupe. Mais lors de l’inspection d’un bâtiment, ils n’avaient pas bien vérifié les sorties.  Ils étaient persuadés d’avoir prévu deux moyens pour s’enfuir. Alors qu’ils fouillaient dans deux pièces différentes, Arthur entendit Tom l’appeler en panique, il accouru aussi vite qu’il put. Et il vit son ami qui fuyait. Entre lui et Tom un groupe de Virulents qui le poursuivait. Arthur resta calme car il savait que son ami courrait vers une sortie. Mais alors que Tom arriva à la porte, il n’arriva pas à l’ouvrir. Arthur n’eut pas le temps de réagir, les virulents arrivèrent déjà sur son ami. Il resta là, pétrifié par la scène. Même quand Tom l’appela à l’aide, même quand les zombies réussir à passer sa défense, même quand les hurlements s’arrêtèrent. Son instinct de survie pris le contrôle  seulement quand les virulents  s’intéressèrent à lui.
Arthur s’enfuit, laissant le cadavre de Tom derrière lui. Lorsqu’il arriva à la base, il était blanc et muet. On avait beau lui poser des questions, il n’arrivait pas à répondre. Ses yeux restaient perdus dans le vide. Il s’enferma dans sa chambre et y resta pendant plusieurs jours. Il commença à sortir pour manger. Il discutait peu et refusait toujours de répondre aux questions qu’on lui posait. Ce fut après plusieurs semaine qu’il accepta enfin de se confier, de parler de l’évènement et de comment il l’avait vécu.
Arthur se sentait énormément coupable de ne pas avoir essayé d’aider Tom, d’être resté sans pouvoir rien faire alors que son ami l’appelait à l’aide. Personne ne le blâma, car chacun savait qu’ils auraient réagis exactement de la même manière. C’était la première fois que le groupe s’était retrouvé face à des zombies, ils faisaient toujours en sorte de les éviter pour n’avoir jamais à les combattre. Même si personne n’en reparla après, le groupe avait changé, meurtri de la perte d’un de leurs camarades, ils redoublaient d’attention quand ils sortaient, la méfiance était à son paroxysme et la confiance qui les tenait ensemble s’était fissurée. Arthur lui, avait géré la situation de manière étrange. Il commença à se fixer des règles, un code moral en sorte. Il avait commencé par « Ne plus laisser mourir personne ».

La survie continua, le groupe se débrouillait de mieux en mieux. Mais les tensions entre les membres grandissaient.  Les opinions sur comment mener le groupe divergeaient. Certain pensait chercher à s’agrandir pour être plus fort, d’autre à rejoindre les autres clans plus puissant. Arthur était dans le premier camp avec Franck. Ils pensaient que rejoindre une des factions aller les mêler à des conflits qu’ils ne voulaient pas. Les zombies ça suffisaient, pas besoin de se faire la guerre entre humain non plus. Mais les autres pensaient que cela leurs offrirait une protection supplémentaire, qu’ils n’auraient plus besoin de sursauter au moindre bruit, qu’ils pourraient vivre et non plus survivre.
Au début, le statu quo se maintenait. Les liens qu’ils avaient tissé entre eux restaient fort et quitter l’ensemble du groupe ne semblaient plaire à personne.

Jusqu’au jour où leur bunker se fit attaquer Par qui, Arthur ne le sut jamais, mais des coups de feu retentir un jour. Le groupe avait des procédures d’urgence, même pour des cas comme ça. Mais étrangement, lors de l’évacuation, il ne retrouva que Franck dans leur base secondaire. Et quand ils entendirent de nombreux bruits de pas s’approcher, ils savaient qu’ils ne pouvaient pas attendre les autres.
Ils s’enfuirent le plus rapidement possible. Franck partit devant, Arthur le suivait. Après une heure d’errance, ils s’installèrent dans une maison abandonnée pour reprendre leur souffle. Lorsqu’ils discutèrent enfin, ils étaient d’accord sur un point, les attaquants ont été rencardés. Franck pensaient qu’ils avaient été trahis, Arthur pensaient que l’un d’entre eux avait été capturé. Mais maintenant, toutes leurs caches n’étaient plus sûre. Ils devaient faire profil bas. Franck proposa de se séparer, de trouver une planque chacun, d‘attendre environ une semaine, pour être sûr de ne pas être poursuivi et de se retrouver pour survivre ensemble.

Ils se mirent d’accord sur un point de rendez-vous avant de se quitter dans une accolade en se souhaitant bonne chance.
Arthur se trouva un endroit et attendit. Il rumina longuement sur le fait qu’il avait laissé son armure et qu’il espérait que personne ne l’avait trouvé. A chaque fois qu’il l’enlevait, il la rangeait dans une cache qu’il avait aménagé sous le planché de sa chambre. Un endroit sûr, mais si quelqu’un fouillait proprement la pièce, il y avait moyen de la trouver.
La semaine fut extrêmement longue. Arthur prenait trois fois plus de précaution qu’habituellement lors de ses sorties. Les ressources se faisaient trop rares. Mais il tient bon. Sa joie fut intense lorsqu’il partit pour le point de rendez-vous. Mais Franck n’était pas encore là. Bon, après tout, il était possible qu’il avait du retard. Arthur attendit la journée entière, Franck n’était toujours pas là. Il attendit deux jours de plus, dans l’espoir de retrouver son ami. Mais aucun signe de lui.
Arthur dû faire face à une évidence. Franck était soit mort, soit capturé. Il se permit de rester un jour de plus. Autant pour garder espoir de le revoir un jour que pour faire son deuil. Puis enfin, il reparti.

Ses pas le menèrent à son ancienne maison. Elle avait été pillée depuis bien longtemps, mais tout ce qui était en dur dans son atelier était resté. Il fut même surpris de trouver quelques outils qui n’avaient pas été considéré comme intéressant. Il décida de s’installer ici. Il commença par retourner dans l’ancienne planque de son groupe.
Arthur fut soulagé de retrouver sa bonne vieille armure intacte dans sa cachette. Puis enfin, il s’attela à une tache de titan : Sécuriser sa maison pour en faire un havre de paix. Ce fut une tâche longue, difficile et éreintante. Cela lui prit des mois, de très longs mois à travailler sur le renforcement des portes, la mise en place d’un périmètre de sécurité, la création de défense suffisante pour garder les zombies en dehors de sa propriété et bien d’autre petites surprises pour les malotrus. Une fois les bases finis, il se fit un petit planning de vérification pour éviter d’être surpris et à chaque fois qu’une idée d’amélioration lui venait, il essayait tout pour la mettre en œuvre. Garder son havre de paix tel quelle devenait maintenant un travail de tout les jours.

Pendant tout ce temps, il essaya au maximum de rester à l’affût des rumeurs sur ce qui se passe en ville. Parmi les rares survivants qu’il croisait, peu étaient nombreux à lui adresser la parole et encore moins pour lui tenir une conversation normal. C’est sûr que porter une armure médiévale, ça n’aide pas. Du coup, il n’a eu que peu d’information, il entendit parler de tension entre faction, d’une épidémie qui étrangement ne l’a pas touché. Lorsqu’en Décembre la Lyssa Squad expliqua le problème, il comprit mieux. Le récupérateur d’eau qu’il avait installé lui avait permis de se créer un petit stock avant la sécheresse. Et vu qu’il vivait seul, en se rationnant convenablement, il avait réussi à tenir la longue période sèche. Bon, il avait eu un peu de chance aussi lors de ses sorties pour récupérer des bouteilles d’eau.
Il entendu parler de ce qui se passait entre les fanatiques religieux du Temple d’Ezekiel et les Protectors. Pour Arthur, c’était la preuve qu’il avait bien fait de ne pas rejoindre une faction. Cela aurait été un coup à se prendre une balle lors d’une bataille. Il trouvait ça stupide de se faire la guerre entre humain, mais l’histoire nous apprend que souvent l’Homme ne pense pas au bien commun.
Il y eu aussi cette énorme explosion, ce « Boom » qui résonna dans Kelowna. Arthur se demandait bien ce que c’était. Explosion de missiles ? Les groupes était-il si bien équipé que ça ? Au final, ce n’était « que » l’une des usines qui avait fini dans les flammes.
L’attaque sur le Temple d’Ezekiel fut aussi du bruit, mais Arthur avait d’autre chose à penser, la tempête qui faisait rage dehors manquait chaque jour de lui arracher les défenses de sa base et rendait les sorties compliqués.

Mais, Arthur y survivra, comme il l’a toujours fait.