date de naissance & âge: 14 février 1989 - 31 ans lieu de naissance : Harlem, Manhattan, New York statut civil: Célibataire, le cœur hermétique depuis trois ans, le corps intouché depuis aussi longtemps. Tutrice de Sam, un petit mec de trois ans, elle apprend encore à assumer ce rôle en tâtonnant. métier: Pompier. Le métier de ses rêves lui ayant filé entre les doigts, et travailler au Ranch ne l’ayant jamais intéressée, Ash a décidé de marcher dans les pas de son grand-frère. occupation: Malgré ses à priori concernant cette nouvelle communauté qu’ils rejoignent, Ash s’imagine sans peine qu’elle trouvera une place à l’infirmerie. Pour autant, l’idée de rester 24 heures par jour à bord du paquebot est loin de l’enchanter, et elle proposera sans doute ses services pour les expéditions particularités: Elle se présente toujours sous son surnom, Ash, et ne donne son vrai prénom qu’aux personnes ayant acquis sa confiance, soit pas grand-monde. - Erin parle couramment anglais, français et espagnol, et baragouine quelques mots d’autres langues, appris grâce aux clients de passage au Bed & Breakfast que tenaient ses parents. Plus jeune, elle était particulièrement fière de sa collection d’injures. - Ash possède deux tatouages, un “4/4” tatoué sur le poignet gauche, un tatouage en commun avec ses frères, 1 pour l’aîné, et 4 pour la cadette. Le deuxième est un mandala, symbole d’équilibre dans la vie et l’esprit, sur l’épaule droite. - Elle a fui avec le chien de son frère, un malinois de quatre ans du nom de Lucky, fidèle compagnon d’infortune. - Son corps porte aujourd’hui les marques de ces trois années de survie, et des situations délicates dans lesquelles elle s’est trouvée, face à des vidés…ou des humains. Elle a des entailles sur la main gauche, après qu’elle ai traversé une fenêtre, une cicatrice sous l’oreille droite due à un coup de couteau qui aurait pu lui être fatal, et son bras gauche est parfois encore douloureux suite à sa fracture, près d’un an et demi plus tôt.
pseudo: Lipstickqueen âge: 33 ans pays: France crédit: Kidd et Cranberrycommentaires & suggestions: RAS comment avez vous connu le forum ?: Par une amie rpgiste !
Ash n’a jamais connu ses parents biologiques. Elle a été adoptée très jeune par la famille Ashford, et n’a jamais cherché à découvrir d’où elle venait. Élevée dans une famille américano-cubaine, elle a très vite baigné dans les deux cultures, et est donc parfaitement bilingue. - Avec trois grands frères, elle a toujours eu plus de garçons dans son entourage immédiat, et a souvent eu du mal à nouer des liens avec d’autres filles. Elle ne se retrouvait pas dans les sujets de discussion évoqués, et avait l’impression d’être en total décalage avec les autres nanas de son âge, de ne pas entrer dans le moule. - Elle a toujours été fascinée par les phénomènes météorologiques, qu’elle trouve à la fois beaux et effrayants. Elle ne manque jamais l’occasion d’observer des orages, qui sont à ses yeux captivants. Pour la taquiner gentiment, ses frères lui ont présenté un chasseur de tornades, persuadés qu’elle fuirait face au jeune homme qu’ils jugeaient ringard. Ash et Mac sont finalement restés ensemble près de deux ans, avant qu’il décide, comme il le lui a dit avec plein de poésie, d’aller voir si les tornades d’un autre état tourbillonnaient autant que chez eux. - Sa mère ayant fait deux dépressions, la santé mentale était un sujet sérieux chez les Ashford. Erin en a donc toujours fait une priorité, ce qui s’est avéré plus qu’utile dans son métier. Méditation, yoga, sophrologie,…elle a essayé -et adopté- plusieurs disciplines pour se sentir aussi bien dans son corps que dans sa tête. Sa préférée reste le dessin, qui a toujours eu des valeurs thérapeutiques pour elle. Portraits, fleurs, objets, paysages,...elle trouve souvent l’inspiration dans ce qui l’entoure. Elle a donc toujours un carnet et des crayons sur elle, même depuis que le monde a basculé. - Ash a essuyé les moqueries de ses camarades pendant plusieurs jours à la suite du concert de Taylor Swift, sur lequel ils étaient en intervention pour assurer les premiers soins si besoin. En effet, ce n’est qu’après avoir échangé avec une blondinette pétillante pendant vingt minutes qu’on lui a fait comprendre qu’elle était en train de discuter avec la chanteuse, qu’elle n’avait pas reconnu. - Lorsqu’elle était plus jeune, Erin a gagné le concours de rapidité de résolution de Rubik’s Cube de son collège, trois ans de suite. Une réussite qui lui a valu trois petits prix que ses parents ont longtemps exposés fièrement au-dessus de la cheminée.
Anecdotes
Caractère
Malgré des débuts dans la vie pas aussi joyeux qu’ils auraient pu l’être, Erin est devenue une petite fille pleine de vie, toujours souriante, énergique, toujours partante pour découvrir de nouvelles choses, partir à l’aventure avec ses frères, ou faire des bêtises. Elle détestait tout ce que la société dictait aux autres fillettes de son âge qu’elles devaient adorer, et ne trouvait son intérêt quand dans le fait de grimper aux arbres, de courir après un ballon, de sauter dans une grosse flaque de boue, ou de faire des faux combats de catch. Autant dire que pendant très longtemps, elle n’a compté que des garçons dans ses amis, et qu’il était très difficile pour elle de se lier à d’autres filles, et de s’en faire des amies. Elle avait cette capacité qu’on les enfants à s’émerveiller de tout -et parfois surtout de rien-, une facette de sa personnalité qu’elle a tâché de conserver malgré les années. Curieuse de tout, elle a décidé vers ses dix ans de se fixer comme objectif de découvrir une nouvelle thématique tous les ans, qu’il s’agisse de la vie des amphibiens, du système solaire, ou des coutumes au Japon. L’entrée à l’université et dans la vie active ont cependant mené à mal son projet, et même si elle est restée curieuse du monde qui l’entoure, Ash n’a pas toujours eu le temps nécessaire pour se consacrer à ces découvertes.
Sportive accomplie, Erin a très jeune décidé de prendre au pied de la lettre l’expression “un esprit sain dans un corps sain”. La santé mentale étant loin d’être tabou chez les Ashford, elle en a fait une priorité dans sa vie. Ash avait donc pris l’habitude de verbaliser tout ce qu’elle ressentait, qu’il s’agisse aussi bien du positif que du négatif. Elle pensait que mettre les mots juste sur ses maux permettait plus aisément de les contrôler, et donc de s’affranchir de ce qui était douloureux. La jeune femme disait aussi bien ce qui faisait plaisir à entendre, que ce qui l’était un peu moins, ce que certains ont parfois pris pour de la franchise un peu trop brusque, parce qu’elle n’y mettait pas toujours les formes. Lorsque le monde a basculé, c’est une facette de sa personnalité qui s’est cependant atrophiée, jusqu’à disparaître presque complètement. Peut-être parce que son grand frère était celui auprès de qui elle pouvait parler à cœur ouvert, et que l’idée de se confier à quelqu’un d’autre sonne comme une trahison, peut-être simplement parce que c’est une façon de se préserver des autres. Erin est donc devenue avare de mots, surtout lorsqu’ils la concernent directement. Lorsqu’elle ne va pas bien, elle garde donc tout enfoui à l’intérieur, le mal être s’accumulant de plus en plus, jusqu’à l’explosion. Dans ces moments-là, elle s’isole, pleure, casse des objets, enrage…puis reprend le contrôle. C’est un peu comme une façon de remettre les compteurs à zéro, avant de tout enfouir en elle de nouveau.
Petite dernière d’une fratrie de quatre enfants, ses trois grands frères l’ont toujours traité comme une petite princesse, ce dont elle n’a pourtant jamais profité. Tous les quatre étaient très liés, et ont toujours pu compter les uns sur les autres. Ash a retrouvé une part de cette fraternité dans la caserne dans laquelle elle travaillait avec Antonio, où elle se sentait faire partie d’une vraie équipe, soudée. Sa loyauté envers ses camarades et son capitaine a toujours été indéfectible, ce qu’ils lui rendaient bien. Elle s’est efforcée de se montrer présente lorsqu’elle pensait que c’était nécessaire, et de faire au mieux, sans pourtant s’oublier en chemin. Même si désormais elle choisit avec davantage d’attention qui peut se montrer digne de sa confiance, Erin fait preuve de la même indéfectible loyauté envers cette poignée d’humains qui s’apparente aujourd’hui presque à une famille. Elle s’est déjà mise en danger pour les siens, a déjà tué également pour eux, et sait qu’elle recommencerait sans une once d’hésitation. Désormais, elle n’a plus le contact aussi facile qu’auparavant, et elle dégage davantage une attitude de froideur -au point qu’on puisse la trouver hautaine- que l’image de cette gamine pétillante qu’elle avait autrefois. Le cynisme et le sarcasme font aujourd’hui partie intégrante de son vocabulaire, qu’elle a tendance à brandir comme un bouclier contre le reste de l’humanité. Les gens se révélant la plupart du temps décevants, Ash a fini par se dire que ce n’était pas plus mal de les tenir à distance, quitte à se sentir parfois un peu seule, un sentiment qu’elle accueille pourtant à bras ouverts. La plupart du temps en tout cas. Lorsqu’elle n’aime pas quelqu’un, Erin ne prend même pas la peine de faire semblant, l’hypocrisie étant à son sens le pire défaut au monde. Quand elle n’apprécie pas une personne, son visage exprime immédiatement toute l’aversion qu’elle a pour la personne en question, et ses paroles se font parfois bien tranchantes. C’est une personne entière, qui ne fait jamais semblant, peu importe le domaine dont il s’agit.
Social Bavard : □□□□■ Réservé Franc ■□□□□ Hypocrite Généreux □■□□□ Égoïste Modeste ■□□□□ Prétentieux Honnête □■□□□ Malhonnête Courtois □□□■□ Vulgaire
Athlétisme : niveau 8 ancienne basketteuse, Ash a toujours été très assidue concernant sa pratique, espérant passer pro avant de renoncer à ses rêves. Pendant de nombreuses années elle partageait donc son emploi du temps entre les entraînements, les matchs, les joggings,...Lorsqu’elle a finalement intégré la caserne de son frère, Erin a vite compris la nécessité d’entretenir sa condition physique, et au moins une fois par semaine, les membres de la caserne et elle allaient courir, sans compter les entraînements qui faisaient leur quotidien.
Concentration : niveau 8 basketteuse, secouriste, pompier…Ash a souvent été dans des situations où elle devait agir, travailler, devant du monde, devant un public. Un public parfois supportif, comme c’était le cas quand elle jouait à domicile, ou devant des gens qui la huait, comme quand elle jouait dans un lycée, une fac rivaux, un public curieux, intrusif, parfois bien trop impliqué lorsqu’elle portait l’uniforme. Apprendre à occulter ce qui l’entoure pour mener à bien ce qui devait l’être est donc devenu une nécessité.
Combat à mains nues : niveau 7 tout a commencé par de fausses bagarres avec ses grands frères, des combats de catch dans la chambre de l’un ou de l’autre. S’en est suivi des cours de kick-boxing qu’Erin prenait à Salt Lake City, aussi bien pour entretenir son physique que pour évacuer le stress, et des cours de self-défense qu’elle dispensait à la caserne avec une collègue secouriste. Elle a continué à s’entraîner avec Antonio lorsque le monde s’est effondré, ce qui lui a été utile pour défendre les camps dans lesquels elle a vécu…en vain.
Médecine : niveau 7 ancienne secouriste, Erin a souvent fait office d’infirmière dans les groupes qu’elle a rejoint, aussi bien au lycée North Davis Junior que dans la réserve où son frère a établi un camp. Ses connaissances se sont affinées lorsqu’elle est arrivée au camping, et qu’Aaron, ancien chirurgien, l’a pris sous son aile, lui livrant son savoir-faire, celui qu’il pensait le plus adapté à ce nouveau monde. Alors bien sûr, il ne faudra pas compter sur elle pour retirer une tumeur où que ce soit, mais Erin a appris à soigner les blessures les plus courantes, qu'il s'agisse d'une fracture, d'une plaie quelconque, infection,...
Sang-froid : niveau 7 à cause de son métier, Ash a souvent été dans des situations anxiogènes, stressantes, parfois même dangereuses. Grâce aux conseils de ses collègues plus expérimentés, elle a appris à garder son sang-froid dans ces situations-là, à maîtriser toutes les émotions qui risquaient de parasiter la réflexion, et embrouiller les pensées. Ça n'a pas toujours été inné, mais les années passant, c’est devenu chaque fois plus facile.
Aptitudes
Combat (20/20 pts)
Force : ■■■□□□□□□□ Entraînement armes à feu : ■■□□□□□□□□ Entraînement armes de jet ou projectile : ■■□□□□□□□□ Entraînement armes blanches ou contondantes : ■■■■■■□□□□ Entraînement combat à main nue : ■■■■■■■□□□
”Ah…ouais…alors…je vais te parler de moi. Je sais que c’est ce que font pas mal de chefs de groupe avec les petits nouveaux qui veulent les rejoindre. Leur poser des questions. Savoir quelle est leur histoire. Leur couleur préférée. Ce qu’ils ont fait au cours des trois dernières années. Le genre de survivants qu’ils sont.” Devoir montrer patte blanche, je m’y prépare depuis qu’on a évoqué la possibilité de rejoindre une nouvelle communauté. On va pas se mentir, c’est pas la première fois que je suis dans ce cas de figure, à force, certains schémas se répètent. Je compte plus le nombre d’heures à réfléchir à ce que j’ai envie de dire, à ce que j’accepte de dévoiler sur moi. C’est pas une mince affaire, je garde précieusement ce qui me concerne, comme une espèce de secret à garder jalousement. Alors qu’au fond…au fond, je suis juste une survivante lambda, qui a vécu son lot d’aventures, pas toujours hyper joyeuses, comme la quasi majorité des humains foulant ce qu’il reste de notre jadis belle planète. Je m’installe un peu plus confortablement sur cette vieille caisse en bois, sans pouvoir retenir un soupir. J’ai à peine le temps de jeter un coup d'œil aux garçons, à quelques pas de là, que tu t’agites à nouveau, me poussant à te regarder. “D’où je viens ?” Je mentirais si je disais que c’est pas la question presque incontournable. J’imagine que chaque leader demande à tout nouvel arrivant d’où il vient, ce qu’il faisait avant que tout s’effondre, comment il a survécu, comment il est arrivé ici, au port. Ce sont les questions qu’on a posées, nous aussi, à chacune des personnes qui ont voulu rejoindre Fort Berthold, ou le camping. Il nous est déjà arrivé de tomber sur de sacrés baratineurs…j’imagine qu’on peut jamais vraiment savoir si les survivants qu’on rencontre sont honnêtes dans leurs paroles, ou s’ils jouent juste un rôle. Quant à moi…j’ai jamais mené une vie qui me pousse à devoir inventer le moindre mensonge, quand bien même j’aurai pu à de nombreuses reprises prendre d’autres décisions que celles qui ont été les miennes.
Nous disions donc…D’où je viens ? C’est une bonne question. Est-ce que ça fait trop théâtral si je réponds que je le sais pas moi-même ? J’ai pas vraiment envie de m’attarder sur les détails de ma naissance, de ce bref récit qu’on m’a raconté de ce passant m’ayant trouvé hurlant à pleins poumons sur le matelas sale et couvert de tâches étendu en pleine rue, sur lequel ma mère biologique venait d’accoucher. Cet endroit, c’était son chez-elle, sa maison, ses quelques affaires rangées dans des sacs plastique posés à côté du matelas. Elle ? Elle a pas survécu. Le cordon ombilical nous reliait encore quand elle a poussé son dernier souffle, s’éteignant dans l’indifférence la plus totale. Elle m’a jamais tenu dans ses bras, et…et je dois l’appeler “elle”, parce que j’ai jamais connu son prénom, qui elle était…et d’où elle venait, elle aussi. Mais cette histoire n’appartient cependant qu’à moi, et je compte pas la partager avec Elliott…avec quiconque, d’ailleurs. Même les filles connaissent pas ce passage. Ca..c’était que le début de mon histoire. Je lui parle pas de ce bref séjour à l’hôpital, de mon passage assez court dans un foyer, et de mon adoption par les Ashford. Pas la peine d’entrer dans les détails, ils ont pas leur place ici. “-Je suis née à Harlem…mais j’y suis pas restée longtemps. A peine quelques mois. J’ai passé ensuite une bonne partie de ma vie dans les coins de Big Horn, dans le Wyoming. J’ai trois frères…tous plus grands que moi. Ma mère est cubaine, mon père est américain. On a baigné dans les deux cultures dès tout petit.” J’aime pas vraiment parler de moi…je sais pas ce que je dois dire, ce que les gens ont envie d’entendre. Au fond, je suis plus à l’aise pour répondre aux questions, que pour dire spontanément qui je pense être.
J’hausse un sourcil à l’idée de poursuivre, et je me demande si je suis censée parler de l’école, du collège, du lycée, de ma vie d’étudiante, et je peux pas retenir une moue cynique, à la limite de l’insolence. “-Hé bien…j’aurais préparé un CV en bonne et dûe forme si j’avais su que je risquais de passer un vrai entretien.” Je prends le temps de m’installer plus confortablement sur la caisse, j’ai comme le sentiment que ce moment pourrait durer une plombe. “-Mes parents possédaient un ranch, dont ils étaient les gérants. Le rêve de ma mère était de le transformer en Bed & Breakfast et après près de deux ans de travaux, les premières réservations sont arrivées. Ca occupait une partie phénoménale de leur temps, et de leur énergie aussi. A l’époque, ma vie se partageait entre les cours et le travail que je faisais au ranch, à l’accueil ou dans les écuries, contre quelques dollars mensuels. J’étais une élève dans les normes. Ni brillante, ni mauvaise. J’aurais sans doute pu faire mieux si je m’étais donné la peine de travailler au moins un peu…mais j’ai toujours préféré jouer avec mes frères et leurs copains que plonger mon nez dans les bouquins. Ils m’ont entraîné dans tout un tas de bêtises, et…c’est vrai qu’ils ont pas eu à insister beaucoup pour que je les suive. C’est eux qui m’ont fait découvrir le basket-ball, et eux qui m’ont poussé à exploiter ce qu’ils voyaient comme un talent. Et j’étais douée, c’est vrai. Rapide, intrépide, j’arrivais à lire le jeu avec une facilité que j’ai jamais su expliquer. L’esprit d’équipe m’a toujours portée…et l’ambiance d’une salle remplie aussi. C’était vraiment…exaltant.” D’entendre les gens crier votre nom, applaudir à en avoir mal aux mains, sentir l’excitation des spectateurs, ressentir le frisson du jeu. C’était vraiment quelque chose que j’adorais, au point que j’ai voulu faire carrière dans ce sport, en faire toute ma vie. Et c’est bien la première fois de ma courte existence que je me suis autant investie pour quelque chose. J’ai passé des heures et des heures et des heures, ballon en main, à arpenter le terrain, à enchaîner les tirs, à perfectionner ma technique, encore et encore. La fin du lycée s’est soldée par l’obtention de mon diplôme, et l’une des fêtes les plus dingues de ma vie…mais ça, j’imagine que c’est le genre de détails dont on se fiche sans doute éperdument.
J’ai décroché une bourse qui m’a permis de m’inscrire dans une fac de biologie, et si j’adorerai pouvoir dire que j’étais une étudiante modèle, ce serait qu’à demi vrai. Je travaillais, c’est vrai, mais pas autant qu’il l’aurait fallu sans doute, parce que même si c’était vraiment intéressant, c’était pas ce qui me faisait vibrer. J’aimerais pouvoir dire que j’aurai pu faire autre chose que jouer du basket, que j’étais douée pour une matière en particulier, ou que j’étais intéressée par autre chose qu’un ballon rond…mais ce serait qu’un mensonge. Rien n’avait autant d’importance à mes yeux, je voulais juste vivre de ce truc qui me faisait me sentir vivante. Sauf que…ouais…devenir pro n’est pas chose facile. Je me suis accrochée à ce rêve de toutes mes forces, j’ai poursuivi mes efforts, quand bien même ils me coûtaient plus qu’auparavant, et renoncer a été l’une des épreuves les plus difficiles de ma vie. Correction, j’imaginais à l’époque que c’était l’une des pires épreuves que j’aurai à surmonter au cours de ma vie, mais c’était sans compter sur tout le merdier qui a éclaté.
Quoiqu’il en soit, il m’a fallu un bon moment pour réussir à reprendre un ballon en main après ça, et mes pas m’ont mené à Salt Lake City, dans la caserne où mon aîné, Antonio, était soldat du feu. J’aurai pu aller dans n’importe laquelle, mais c’est là-bas que mon choix s’est porté. Cet idiot avait jugé bon de déménager pour se rapprocher de sa copine de lycée qui avait fini par le tromper avec le premier imbécile venu. Pimbêche. “-J’ai pas réussi à percer. Je voulais devenir basketteuse pro, mais j’ai pas réussi à percer. Peut-être que j’étais pas assez patiente, peut-être que j’étais pas assez douée. J’en sais foutrement rien, et j’ai jamais su si c’était une bonne chose ou pas. J’ai quitté le parquet, j’ai lâché la fac de biologie, et j’ai rejoint la caserne où mon frère était pompier.” Je sais pas si j’ai bénéficié d’un traitement de faveur particulier parce que j’étais une Ashford, comme lui, mais j’ai été très bien accueillie, et j’ai rapidement trouvé ma place. C’est de cette époque que date ce surnom avec lequel je me fais appeler aujourd’hui. Deux Ashford dans la même caserne, c’était compliqué, ça prêtait à confusion, on était deux à se retourner en permanence à l’évocation de notre patronyme. Il a été décidé à l’unanimité que je serai pour tous “mini Ashford”…et avec le temps, c’est devenu juste Ash, plus direct. J’ai commencé par y être secouriste, suivant la formation adéquate, jusqu’à obtenir la certification de EMT-I, en m’étonnant moi-même de m’y épanouir à ce point. Moi qui me pensait bonne qu’à dribbler et faire des trois points, j’ai découvert une facette de moi insoupçonnée. J’ai jamais eu de mal à nouer des liens avec les patients, à trouver les bons mots pour les rassurer, à pas laisser paraître que j’étais parfois aussi terrifiée qu’eux.
Je suis pas restée secouriste bien longtemps…enfin, pour être honnête, pas que secouriste, plutôt. J’ai demandé à être formée pour devenir pompier à mon tour, marchant dans les pas d’Antonio, qui a pas vraiment vu ça d’un très bon œil au début. Il l’a jamais dit avec de vrais mots, même si je l’ai incité des tas de fois à dire ouvertement de ce qu’il ressentait à cette idée plutôt que de ruminer dans son coin, mais je crois qu’il avait la trouille pour moi. Et…je comprenais, parce que j’ai toujours eu la trouille pour lui aussi à chaque fois que je le savais en intervention. Avec patience, je suis redevenue la Bleue, celle qui en plus d’écoper d’un surnom ridicule récoltait aussi les tâches pas toujours hyper reluisantes. J’ai fait plus de lessives en quelques mois qu’en toute une vie, briqué le camion plus de fois que j’ai lavé ma propre caisse, et fais à bouffer pour tout un régiment de types taillés comme des armoires à glace, affamés comme s’ils avaient pas mangé depuis trois jours. Ça a pas toujours été facile. Physiquement, déjà. Même si j’ai toujours eu une condition physique au top grâce au basket, c’était bien au-dessus de ce que je connaissais. Sans un corps en meilleure forme que la moyenne, j'aurais pas pu faire la moitié de ce qui fait le boulot de pompier : impossible de porter un corps ou une charge lourde sans me déglinguer le dos, impossible de défoncer des portes sans y laisser des plumes, impossible de manier haches et hachettes comme on le faisait régulièrement au cours de nos gardes sans se blesser, ou blesser un collègue. Je parle même pas des courbatures que j'ai pu avoir les premières semaines, à force de répéter les mêmes gestes, encore et encore. Car faut pas se fier aux apparences, manier une hache, c'est franchement pas aussi facile que le pensait le bourrin que j'étais, s'imaginant qu'il suffisait de taper vite, et fort. J'ignorais à l'époque que des années plus tard, la hachette qui m'avait sortie de plusieurs situations critiques sous l'action des flammes me sortirait aussi de situations critiques face à des vidés, et malheureusement, d'autres survivants. Pas sûre qu'ils avaient prévu cette utilisation à l'Académie, mais ma foi...ça sauve des vies. Moralement, ensuite, parce que certains cas étaient pas toujours évidents. Mais on pouvait compter les uns sur les autres dans ces moments plus difficiles, et si j’ai toujours été à l’écoute des autres, j’ai aussi trouvé des oreilles à qui confier mes sentiments et pensées.
J’adorais ma vie. Pleinement, à chaque instant, qu’il soit bon ou mauvais, j’en ai apprécié chaque moment. J’ai trouvé ma place dans une ville qui m’était inconnue, y ai grandi, mûri, m’y suis construit une vie qui m’a toujours comblée, où j’ai rencontré des personnes formidables. Quelques trous du cul aussi, on va pas se mentir, mais j’ai toujours préféré me focaliser sur le positif. J’avais un solide groupe d’amis avec lesquels je passais du temps hors de la caserne -même si certains de mes collègues faisaient partie desdits amis- je prenais soin de moi, physiquement, mentalement, je faisais des activités qui me permettaient complètement de décompresser, comme de la danse latino, ou des cours de kick-boxing pour étoffer un peu les bases données par mes frères pour que je puisse casser la gueule des petits emmerdeurs dans la cour, comme ils le disaient si bien. Avec Trisha, ma collègue secouriste, on a même fini par donner des cours de premiers secours, puis de self-defense gratuitement aux femmes du quartier qui le souhaitaient, dans l’une des salles de la caserne qu’on utilisait pas vraiment. Après plus de vingt ans de dure labeur, nos parents ont vendu le Ranch de leurs rêves, et sont partis en accomplir un autre, le tour de l’Europe. Gabriel s’est marié, nous a donné le plus beau petit neveu qu’on puisse rêver d’avoir, et est allé s’installer à Miami, alors que Pedro et son copain partaient sur les traces de nos origines à Cuba. Tout ça pour dire que je vivais vraiment une vie qui me comblait autant qu’il était possible de l’être.
Quand le monde a basculé, je peux affirmer que je fais partie des personnes qui ont pas compris tout de suite la gravité de ce qui se passait. J’accordais manifestement une confiance bien trop grande aux gouvernements en poste à ce moment-là, et j’étais persuadée qu’ils finiraient par rattraper la situation, que tout allait s’arranger, que la vie reprendrait son cours. Et puis…faut dire aussi que je m’y suis pas vraiment intéressée au début…pour moi…c’était juste des mauvaises nouvelles, et j’avais tendance -à défaut de les fuir- à pas m’y intéresser pour pas leur accorder une importance qu’elles méritaient pas. Sacrée idée, hein…? Sauf que plus le temps passait, plus il semblait clair que le monde partait en vrilles, et que la situation échappait à tout le monde. Je gardais pourtant ce petit espoir fou, presque insensé, que jamais tout ça arriverait jusqu’à nous, que pour une raison qui défiait toute logique, on s’en sortirait. Evidemment, ça a pas été le cas. ”-On était en intervention quand on s’est retrouvés plongés en enfer à notre tour. Depuis la veille on arrêtait pas, on avait l’impression que la sirène s’arrêtait jamais. On avait à peine le temps de rentrer d’une intervention qu’il fallait aller sur une autre. Accidents de voitures. Incendies. Malaises. Agressions. Il fallait être sur tous les fronts en même temps. On a assisté à des scènes qu’on pensait jamais voir, alors que Salt Lake City semblait à feu et à sang. C’est là que j’ai découvert pour la première fois l’un de ces infectés. Le choc m’a paralysée sur place, et c’est Antonio qui m’a sauvée la vie en me poussant d’un bon coup d’épaule. Quelques micro secondes de plus, et ce type me bouffait le bras.” Enfin type…vite dit. Il ressemblait à un type. Avançait comme un type. Mais c’est à peu près tout. Il était sourd à nos paroles, insensible à nos arguments, et quand il s’est relevé après s’être fait renversé par une voiture, on a compris que quelque chose clochait sévèrement. Ouais, à priori le coup de la presque morsure nous avait pas encore assez mis la puce à l’oreille. On a récupéré les blessés qu’on pouvait entasser dans l’ambulance, d’autres dans le camion d’intervention, et on a filé vers Lakeview hospital. Et là…ça a été le début de la fin.
A l’hôpital, on a aidé les urgences débordées comme on pouvait, à notre échelle. On ventilait manuellement les patients quand le dernier respirateur a été utilisé, on faisait du triage, on soignait les petits bobos. Et puis…les gens déclarés cliniquement morts le sont pas restés. Ils se relevaient de leurs brancards, faisaient tomber le drap qui recouvraient leurs visages, et chopaient les malheureux qui parvenaient pas à s’écarter assez vite. Avant qu’on ai compris ce qui se passait, y’avait presque autant de gens décédés revenus à la vie que de personnes réellement vivantes. On s’est enfuis. On a grimpé dans le camion, fait quelques centaines de mètres, avant de se rendre à l’évidence et de comprendre qu’on avancerait plus vite à pied. Et c’est ce qu’on a fait. Au lieu de revenir sur nos pas, où on savait quel bordel il y avait, on a continué vers le nord, et on est arrivés à Farmington, Kaysville, Layton. Le monde semblait s’écrouler partout, les mêmes scènes semblaient se jouer à chaque coin de rue. Épuisés, perdus aussi, on a suivi un petit groupe d’habitants qui se sont réfugiés dans un Walmart, et on a pu se reposer un peu, boire quelques gorgées, manger un bout. Impossible de joindre nos parents, nos frères, nos amis même. Je me suis rendue compte de la chance que j’avais de me trouver avec Antonio à cet instant.
On est restés quelques jours dans ce magasin, avant qu’un groupe armé s’approche des larges vitres, avec un air pas très cordial sur la tronche. En voyant nos uniformes, ils ont dévoilé le leur, et on a laissé entrer cette dizaine de flics qui nous a expliqué venir se ravitailler pour le groupe de civils qui avait réussi à se barricader, dans le North Davis Junior Highschool à quelques rues de là. Ils nous ont proposé de les rejoindre, et c’est ce qu’on a fait. On a emporté des vivres, et on a traversé une partie de Layon, jonchée de cadavres, de détritus, de voitures entravant la chaussée. Le lycée était déjà sécurisé quand on y est arrivés, et on nous a donné une salle de classe en guise de dortoir, alors que quelqu’un venait nous expliquer les règles de vie du groupe, et comment le maire avait gardé le pouvoir et donnait les directives. C’était un équilibre fragile…dangereusement précaire. Nos conditions de vie se sont durcies, jour après jour, quand bien même on était pas les plus à plaindre. On avait une utilité publique, alors même quand le maire a été renversé, et que les forces armées ont pris les rênes de ce nouveau monde, ça a pas changé grand-chose pour nous. On a vécu dans la salle de cours avec tous les gens de notre groupe…on se retrouvait le soir…on dormait par terre, dans des sacs de couchage tous ensemble, et dès que le jour se levait, on était tous dispatchés à des tâches différentes. Antonio, deux autres gars et moi on a été affectés à la milice. On nous a filé des lances faites maisons pour nous défendre, on surveillait les alentours, et deux fois par semaine, on patrouillait à l’extérieur de l’enceinte du lycée, et on éliminait les vidés qui s’approchaient un peu trop près…on avait une bonne condition physique tous les quatre grâce à la caserne, j’imagine qu’ils ont vu ça comme une opportunité. “-Le gouvernement en place au lycée a été déchu…exécuté serait plus exact, et des types plus armés que les autres ont pris les commandes. Y’avait pas mal de flics dans le lot. Ça a pas fondamentalement changé notre façon de vivre cela dit…ça c’est juste…un peu plus durci…même si…un peu comme les médecins ou les infirmiers, on avait une place à part, et que personne nous emmerdait vraiment. J’imagine que ça aurait pu durer un moment…ça a duré des mois en tout cas…jusqu’à ce qu’il y ai une faille dans l’enceinte du lycée, et que…ces foutus vidés envahissent le terrain de sport. Ça a été un vrai carnage…je…” J’avais jamais vu autant de morts, de sang, de souffrance au même endroit en si peu de temps. Les flics ont vite été submergés, et…c’est devenu chacun pour soi là-dehors. C’est pas des conneries quand les gens disent que c’est dans les situations les plus extrêmes que le pire ressort chez l’Homme. “-On a pas essayé de lutter, de se battre pour ce qu’on avait, pour conserver cet endroit. On a juste…on a récupéré ce sac qu’on avait tous planqué sous notre lit, et qu’on espérait n’avoir jamais à utiliser…et on a fui, mon frère, pas mal de gars de la caserne, leurs familles, des citoyens lambdas. On a juste…on a couru…aussi vite, et aussi loin que possible, en perdant encore des personnes dans notre fuite.” J’ai bien failli perdre Antonio aussi, et ça, je suis pas sûre que je l’aurais supporté.
Notre fuite a duré des semaines…on s’est jamais posés plus longtemps que quelques jours. On a voulu rejoindre d’autres communautés, mais…on nous a pas ouvert la moindre porte, alors on a continué sur notre lancée traversant l’Utah en longeant la I-15S. On a perdu pas mal de personnes au passage, et on est repartis de zéro cette nuit-là, une nouvelle fois : plus de refuge, plus de vivres, peu d’armes, des tas de dangers devant nous…Ca a été le début d’une longue période d’errance pour mon groupe…le début de pertes qui se sont étalées sur des semaines, et des mois. Antonio a pris la tête de notre groupe, et on a traversé l’état, jusqu’à Williston à la frontière du Dakota du nord, évitant toutes les grosses villes de plusieurs dizaines de kilomètres, même si ça rallongeait considérablement le temps passé sur les routes. On avait peur de ce qu’on pouvait y trouver, on se disait tous que statistiquement parlant, c’est là-bas qu’on risquait de trouver le plus de morts, vu les densités de population…et franchement, j’avais pas vraiment envie de savoir si on se trompait ou pas. On avait déjà tous vu assez de morts comme ça.
Je reste silencieuse un instant, regardant un trio de survivants qui passe à proximité, sans se douter que je suis en train de me livrer sur ma vie comme je l’ai rarement fait au cours des dernières années. Je parierais aussi qu’ils en auraient rien à secouer s’il savait que j’étais en train de raconter mon histoire. “-On était bien à Williston…la vie là-bas était douce. Antonio avait vraiment réussi à construire quelque chose…enfin, il était pas seul, bien sûr. Il restait quelques gars de notre caserne, à Salt Lake City. Il avait beau être le leader officiel du groupe, il prenait rarement ses décisions sans consulter ceux qui partageaient notre survie depuis le tout début…je crois que ça a été bénéfique pour que ses décisions soient facilement acceptées. Il a réussi à nouer une alliance avec un autre groupe à plusieurs dizaines de kilomètres de là, pour échanger des vivres, des ressources, des armes aussi. Nous…nous, on avait la possibilité de faire des cultures, un peu d'élevage aussi, on avait des points d’eau dans la réserve…notre groupe a grossi au fil des mois. On accueillait beaucoup de familles, de personnes qui étaient en fuite depuis un bon moment, comme nous. C’est drôle, parce qu’Antonio aussi faisait passer des entretiens, à tout nouvel arrivant.” Je ricane un peu, parce que cette histoire là non plus a pas bien terminé pour nous. Mais…j’imagine que quand on auditionne une nouvelle venue, on a pas forcément envie d’entendre comment son groupe et elle ont laissé entrer le loup dans la bergerie, comment ledit loup a été soigné, logé, nourri…et comment il les a bien baisés. L’histoire qui se répète, encore, et encore. Comme un putain de combat éternel qu’on est voués à perdre, qu’importent nos choix. “-Tout est parti en vrilles, de nouveau. Des con…euh, des sales types ont ouvert une brèche dans nos barricades, et ils ont juste eu à attendre qu’on aille tous là-bas pour réparer et éviter de se faire envahir par les vidés. Ceux de leur groupe infiltrés chez nous ont juste eu à ouvrir les portes pour que le reste de leur bande entre, sans la moindre effusion de sang. Ils étaient armés…alors que nous…on avait pas beaucoup de combattants parmi nous. Peu d’entre nous savaient donner les coups, et encore moins étaient prêts à les encaisser. On avait surtout des familles, des personnes venues chercher la paix, personne prêt à se prendre une balle pour une cause perdue. Ça aurait pu bien finir cette histoire. Ils avaient l’air prêt à juste nous laisser partir, mais..ces enfoirés avaient peut-être oublié de prévoir dans leur plan que les vidés allaient être attirés par les cris et les coups de feu, allaient débarquer, et qu’avec des barricades ouvertes, ça allait partir en vrilles. J’imagine que j’ai pas besoin de décrire la scène, pas vrai ?” Et je le fixe longuement Sam et Ethan à quelques pas de là, avant de détourner le regard en soupirant, butant sur les mots suivants. “-J’ai perdu mon frère ce jour-là. Enfin…littéralement, il est pas mort. Enfin…pas que je sache…on est juste partis dans des directions opposées dans notre fuite. J’ai chopé mon sac, Lucky, le chien qu’il avait trouvé quelques semaines plus tôt m’a suivie, et…j’ai couru.” Ouais…juste ça. Ça a été le début de la vraie fin du monde pour moi, apprendre à survivre sans Antonio à mes côtés. Je suis pas une manchote dans ce nouveau monde, bien au contraire. Comme beaucoup d’autres, j’ai appris à y vivre, à y faire mes propres armes…à me découvrir, aussi. Mais plus l’avoir lui à mes côtés est une douleur quotidienne, une douleur sur laquelle je décide de faire l’impasse. On a tous perdu des gens qu’on aimait, moi, lui, le type près de cet espèce de stand, là-bas, et sans doute aussi le voisin d’à côté.
Là, assise sur cette caisse, ce tout petit bébé serré contre ma poitrine, occupée à ressasser un passé que je sais révolu, je me demande où est passée la gamine qui se voyait pas faire autre chose que devenir basketteuse professionnelle. Je me demande où est passé son humour. Sa désinvolture. Son grand sourire. Ses blagues incessantes. Et je me souviens. Des vidés. Des attaques. Des trahisons. De tous les gens qu’on a perdu. Des morts. Je me considère pourtant pas à plaindre, pas du tout même. “-Depuis ce jour-là, j’ai aucune idée d’où est passé Antonio…mais…ce qui est bien, dans un sens, c’est que je peux imaginer ce que je veux. Mes parents, par exemple…si ça se trouve, ils sont en train de prendre leur petit déjeuner au bord de la plage, quelque part en France…tout est imaginable. Mes frères sont peut-être dans un groupe de survivants, dans la ville d’à côté, qui sait ? J’ai pas besoin d’imaginer qu’ils se sont fait bouffer, ou qu’ils se sont fait tabasser à mort pour une boîte de conserve périmée.” Et ça…ouais, ça, c’est plutôt chouette, et je m’y accroche de toutes mes forces, malgré moi. J’essaye de me dire inlassablement qu’où qu’ils soient, mes frères vont bien, et qu’ils m’ont pas oubliée.
Pourtant…je peux pas prétendre que j’ai pas cherché Antonio, ce serait un mensonge. J’ai arpenté les abords de la réserve indienne pendant de longues semaines, affamée, apeurée aussi, avec Lucky pour seule compagnie. Et puis, un jour…je suis juste partie. J’ai rencontré quelques survivants au cours des mois qui ont suivi, même si ça s’est pas toujours très bien passé. Certains ont voulu ma peau, d’autres ont fini la gueule de travers, mais je dois dire aussi qu’on m’a souvent ouvert des portes, le temps que je me repose, et que je reprenne des forces. Je me suis jamais sentie aussi fatiguée qu’au cours de mon périple en solitaire. “-C’est épuisant…de…d’avancer en regardant en permanence derrière son épaule. De dormir que d’un œil. D’être toujours sur le qui-vive. J’étais pas en très bon état quand les Barlow m’ont trouvée, dans les coins de Worley. Physiquement déjà, j’avais fait une chute qui m’avait valu une fracture au bras et aux doigts, et…moralement, aussi. J’étais juste un tas d’os pas très aimable, qui tirait la tronche en permanence, mais…ils m’ont quand même accueillie sous leur toit. Darla et Matt étaient…vraiment gentils. Bons même, tu vois ? Totalement désintéressés. Et Sam était si petit…j’ai du mal à savoir s’il garde vraiment des souvenirs de ses parents…Darla est tombée malade, juste…comme ça. C’était si soudain, si…violent. Matt est parti essayer de trouver des médicaments, mais…il est jamais revenu. Jamais trouvé son cadavre non plus. Darla a pas tenu le coup, et…et moi je me suis retrouvée avec un gosse d’à peine deux ans sur les bras, à pas savoir quoi en faire.” Ça a pas été facile avec Sam au début…parce que…je sais pas trop…il faisait appel à des émotions chez moi que j’essayais d’éteindre depuis des années. Il demandait ma présence, mon attention, et moi…moi je voulais juste mettre de la distance entre nous. Mais j’ai pas pu me résoudre à le laisser derrière moi. Et c’est sans doute la meilleure décision de ma vie. Je me suis jamais imaginée dans le rôle de mère…encore moins maintenant. Mais un seul sourire de cette petite tête blonde, et…pfuit tout ce qui fait mal s’éteint soudainement. Ça a un côté surprenant que j’arrive toujours pas à expliquer, et que je me refuse à admettre à voix haute.
Je me lève, j’ai du mal à rester assise trop longtemps, mon corps me rappelle qu’il aime pas ça, et je vois qu’on suit mes mouvements du regard avec attention. Comme si je risquais de sortir une fourchette de ma manche pour attaquer le leader de leur groupe, et risquer notre place sur le paquebot. Cette place…je la veux surtout pour Sam. Il est petit, il est innocent, et…il mérite cet endroit. Un lieu où il pourra grandir en toute sécurité. Et puis…on peut pas continuer de courir dans la nature comme ça avec Elisa, c’est pas viable, on le sait toutes. “-J’ai pris une décision égoïste en quittant la maison où les Barlow vivaient. J’étais…j’en sais rien…presque obsédée par le besoin de retrouver mon frère, et j’ai entraîné Sam malgré lui dans ce plan foireux…et dangereux. Je lui ai fait quitter la sécurité de sa maison, cet endroit qu’il connaissait depuis tout petit, où il se sentait à l’abri, où il avait grandi, pour le plonger dans le chaos qui régnait dehors, et je le regrette tous les jours.” Parce qu’on est tombés sur pas mal d’embûches, vidés, bêtes sauvages, autres survivants aussi…rester dehors est devenu un combat de tous les instants, épuisant à souhait, et il a vu des horreurs que ses yeux innocents auraient jamais dû voir. Et quand vous avez embarqué un môme haut comme trois pommes dont vous ne connaissez même pas les besoins, c’est pas facile tous les jours. Je lui ai fait courir des risques inconsidérés pour essayer d’attraper un fantôme, et on a eu une chance incroyable, insolente même, d’être encore entiers tous les deux.
On a pris la route vers l’ouest, rien que tous les deux, sans destination vraiment précise. On est jamais restés plus de deux ou trois jours dans la même maison, et on parcourait une vingtaine de kilomètres par jour…au début, du moins. Plus les jours passaient, moins on avançait vite cela dit. J’aurai pu aller beaucoup beaucoup plus vite, mais…il fallait composer avec Sam. Quand on a quitté sa maison, j’ai bidouillé un espèce de harnais, pour le porter, et faciliter nos déplacements…sauf que quand les emmerdes nous tombaient dessus…ça facilitait rien du tout. C’était même tout le contraire. J’étais gauche, mes mouvements ralentis, et lui était beaucoup trop exposé. Après ça, on a trouvé une espèce de…de poussette remorque, je sais pas quoi, dans lequel je l’installais quand on partait le matin. Des fois, c’était Lucky qui le tirait, d’autres fois c’était moi…et de temps en temps, quand il devenait trop lourd et que mes muscles étaient douloureux, on faisait une pause de quelques minutes, ou alors il marchait à côté de moi, main dans la main. C’était…stressant comme moment, vraiment. On a fonctionné comme ça pendant quelques semaines, frôlant la catastrophe à quelques occasions, apprenant à vivre ensemble, rien que tous les trois. C’était pas facile…enfin, sans compter la…la survie en elle-même. Je parle plutôt du relationnel. Sam était tout le temps en demande d’attention, d’affection, de câlins…de tous ces trucs pour lesquels j’étais pas douée du tout. Mais…ce qui est magique, c’est qu’il s’est jamais rendu compte que j’étais gauche au possible avec lui, que tout ça était vraiment pas naturel pour moi, même tout l’inverse. Et…contre toute attente, c’est devenu plus simple de jour en jour, même si j’en avais pas vraiment conscience, de ce lien étroit qui s’est tissé entre nous. Du moins…j’en avais pas conscience jusqu’à ce que je me fasse choper par un groupe de survivants ayant un putain de pète au casque, et l’envie sévère de semer la mort, juste pour leur petit plaisir.
C’était y’a peut-être…un an, je dirais…peut-être un peu plus même. On avait quasiment épuisé nos réserves de nourriture, et si certains auraient vu aucun inconvénient à bouffer Lucky pour survivre, moi j’ai pas pu m’y résoudre. Il est devenu comme de la famille, aussi étrange que ça puisse paraître. Alors un jour, je les ai laissés tous les deux, et j’ai quitté la maison où on vivait pour essayer de trouver quelque chose à manger. Sauf que…je saurais pas dire si j’ai pas été aussi prudente que d’habitude, si j’ai manqué de chance, ou si j’étais juste au mauvais endroit au mauvais moment, mais…un petit groupe m’est tombé dessus, et j’ai pas réussi à me sauver à temps. “-Ils voulaient pas juste mes affaires, tu vois. Ils avaient envie de…de faire du mal. De blesser. De tuer sans doute aussi. J’ai réussi à rendre quelques coups avant que l’un d’entre eux me balance par terre, et ensuite…je me souviens que de flashs, plutôt vagues. Ma tête a cogné sur le bitume, et tout est devenu brumeux. Je me suis réveillée ligotée à l’arrière d’un pick-up, dans la nuit. J’entendais leurs éclats de voix, leurs rires, ils étaient plusieurs, à quelques mètres de là, mais je comprenais pas vraiment ce qu’ils disaient. Je sais juste que…j’ai réussi à descendre du pick-up, sans même savoir comment. Je me souviens juste que c’était long, et que j’ai failli abandonner plusieurs fois. Mes mains étaient attachées dans mon dos, et mon corps…mon corps me donnait l’impression d’être un énorme steak haché malmené. J’avais pas fait quelques mètres quand un des leurs m’est tombé dessus. Je pensais qu’il allait rameuter ses petits copains, qu’ils allaient finir ce qu’ils avaient commencé, et danser autour de mon cadavre encore chaud en rigolant, mais…quand j’ai évoqué Sam, il…je sais pas, ça a dû éveiller un truc en lui. Il m’a juste détachée, et laissée partir, en me disant que si je dégageais pas vite, j’aurai pas d’autre chance. J’ai pas attendu de voir s’il allait changer d’avis.” Et je comprends pas encore très bien pourquoi. Je sais pas s’il a fait partie de ceux qui ont cogné, tout est trop flou dans ma caboche. Je sais juste que sans lui, Sam et moi on serait plus là. Pour autant, je sais pas trop comment je réagirais si nos chemins venaient à se recroiser.
J’ai essayé de mettre le plus de distance entre moi et eux cette nuit-là…sauf que j’ai fini par tourner de l'œil, tout juste enfermée dans une voiture qui traînait au bord de la route. Je sais pas combien de temps je suis restée inconsciente, mais quand je me suis réveillée, je pensais juste à retrouver le gamin, et à nous éloigner tous les trois de ces enfoirés. Quand j’ai poussé la porte de notre planque, mon corps était un supplice, et je me suis effondrée une nouvelle fois, alors que Sam pleurait, parce qu’il comprenait pas ce qu’il se passait. Les jours qui ont suivi mon agression sont un peu vagues dans ma tête. J’ai du mal à discerner ce qui s’est vraiment passé de ce que mon esprit a pu inventer. Je me suis soignée comme j’ai pu, j’ai mis un bandage ici, une compresse là, immobilisé mon bras contre ma poitrine, et…je nous ai fait reprendre la route, aussi stupide que ça puisse paraître. “-Je leur avais échappé depuis quelques jours quand j’ai commencé à avoir de la fièvre…une de mes plaies a dû s’infecter, et…j’avais pas d’antibiotiques. J’étais certaine que j’allais clamser, et…” Et peu importe, au final. On va tous y passer, un jour ou l’autre, alors…tôt, tard, aujourd’hui, demain, la semaine prochaine…qu’est-ce que ça change ? “-Je voulais juste trouver des survivants qui auraient bien voulu élever Sam quand j’aurai passé l’arme à gauche. Tout seul dans la nature…c’était pas viable. Ca c’est joué à pas grand-chose. On était pas loin d’Ellensburg quand j’ai pas réussi à avancer plus, mes jambes ont juste décidé qu’elles voulaient plus me porter. J’entendais vaguement les pleurs du petit, les aboiements de Lucky, et…c’est tout. C’est comme ça que j’ai rencontré Ethan et Leo…enfin, rencontré, c’est pas le terme exact. Ils m’ont ramassée alors que je pensais mon dernier jour arrivé.” Et alors qu’ils auraient pu prendre mes affaires, et se barrer sans un regard, ils se sont occupés de moi. Ils ont soigné mes blessures. Ils ont prit soin de Sam quand j’étais pas en mesure de le faire. Je leur dois beaucoup. La vie, ouais, rien que ça. Nos chemins auraient dû se séparer dès ma guérison. Je savais que j’étais capable de survivre seule. Je l’ai prouvé ces derniers mois. Et en l’absence de blessures, de maladies ou de quoi que ce soit, on aurait pu repartir chacune de notre côté…sauf qu’on l’a pas fait. Miss Sourire, Ethan, Sam et moi sommes restés ensemble. Et même maintenant, je sais toujours pas vraiment pourquoi. On survit côte à côte, et notre collaboration fonctionne plutôt bien.
Je crois que c’était dans les projets d’aucune d’entre nous, mais les semaines passant, de l’affect a fini par se glisser dans notre quotidien. On a appris à se connaître petit à petit, et à s’apprécier réellement, à se faire confiance pour de vrai, à laisser tomber les barrières qu’on avait naturellement érigées pour se protéger des autres. Je dis pas qu’on est devenues incollables sur la vie de l’autre pour autant. On a gardé nos jardins secrets. Je sais malgré tout que les petits bouts d’elle qu’elle a bien voulu me confier m’ont donné envie de rester à ses côtés. Et puis…Ethan est un chouette gosse. J’aime beaucoup passer du temps avec lui. Il est vachement mâture pour son âge, même si pour le coup…il a pas vraiment eu le choix. Y’a une chose pour laquelle je lui serai reconnaissante au-delà de ce que je pourrais lui dire. Miss Sourire m’a donné des tas de conseils concernant Sam, mais sans que je me sente trop naze, ou complètement con de pas faire ce qu’il fallait dès le départ. Sans que j’ai l’impression d’être jugée, ou qu’elle se mêlait de trucs qui la regardait pas. Leo a toujours su tourner ça pour que j’ai l’impression d’avoir capté toute seule ce qu’il fallait faire. Je sais pas si elle sait que j’ai remarqué sa combine, mais j’apprécie vraiment qu’elle me donne un coup de main à rendre la vie de Sam pas à la hauteur de celle qu’il mérite parce que j’y arriverai jamais, mais pas si mal que ça. Leo est un putain de bon exemple du genre de mère prête à tout pour défendre son marmot.
Faut pas s’imaginer pour autant que chacune de nos journées ressemble à une nouvelle aventure au pays des Bisounours. C’est loin d’être le cas. On a nos petits caractères, l’une comme l’autre, et des fois y’a des frictions, évidemment. Mais…on finit toujours par foutre de l’eau dans notre vin. Du vin putain…ce que je donnerai pour boire un bon verre de vin rouge…même si la question est pas là, bien sûr. “-Donc ouais, Leo et moi, on s’engueule. Puis on boude. On s’ignore. Elle dit qu’elle regrette de m’avoir sauvé le cul, et moi qu’elle fait tellement la tronche que la compagnie d’un vidé est plus agréable que la sienne. Elle me fait un regard noir, je lève les yeux au ciel…et finalement, on finit par arrêter d’agir comme deux petites connes, et on s’excuse à notre façon. Ça arrive. L’essentiel c’est qu’on arrive à passer au dessus.” Miss Sourire m’a appris à chasser, même si mon maniement de l’arc est pas toujours un succès. J’ai toujours été vachement plus douée pour toucher des arbres ou paumer des flèches dans les bosquets plutôt que d’atteindre les cibles visées. De mon côté, je lui offre le plaisir de ma compagnie, c’est déjà pas si mal…et quelques dérouillées, aussi. J’ai des facilités en techniques de combat grâce à mes frères à mon passage à North Davis, alors ça aide. Et quand elle s’est bien fait botter le cul, je lui montre comment soigner ses blessures. Même si, et je lui dis pas forcément, elle se débrouille vachement bien, et apprend vite.
Y’a du monde dans ce putain de port dis donc. J’ai l’impression de devoir zieuter partout en même temps pour rester sur mes gardes, c’est limite épuisant. “-Ca faisait quelques mois que les Crowe, Sam et moi on survivait ensemble quand Leo s’est salement blessée à la cuisse. Je suis arrivée au bout de mes ressources médicales, et la blessure avait une sale tronche. Ça puait l’infection à plein nez. Et quand je parle de puer, c’est même pas un euphémisme. Avec les dernières forces qui lui restaient, on a rejoint une communauté dont on avait entendu parler par des gars à qui on avait sauvé la mise quelques semaines plus tôt, et qui estimaient avoir une dette envers nous. Le camping de Silverdale nous a accueilli avec facilité quand les autres ont plaidé notre cause.” Et Leo a réussi à se retaper là-bas, grâce à l’équipe médicale qui occupait l’infirmerie. Elle a été une patiente un peu compliquée, on va pas se mentir, et je compte plus le nombre de fois où j’ai dû la menacer de l’attacher à son lit jusqu’à guérison complète. Il nous a fallu un peu de temps pour nous mélanger aux autres, mais on l’a fait tout en annonçant dès le départ qu’on resterait pas à terme. L’idée c’était que Leo se refasse une santé, qu’on reprenne des forces, et seulement ensuite on repartirait. Parce que faut pas croire, mais survivre comme ça, en presque solitaire, c’est épuisant. Faut avoir les yeux partout, les oreilles toujours attentives, et toujours être prêtes à prendre la fuite. Là, dans le camp, on arrivait à souffler un peu.
Ce qui devaient être que quelques semaines de repos c’est finalement transformé en quelques mois de répit. Bien mérités. Même si on savait que ça durerait pas, et que plus le temps passait, plus on sentait que le départ était proche. On avait déjà connu la vie en communauté toutes les deux, et aucune de nous semblait prête à resigner. “-C’est là qu’on a connu Reb…et…enfin…c’est là que le groupe actuel s’est formé. La minimoy y est née quelques mois après l’arrivée de ses parents.” Putain, j’avais presque oublié comme ça pique encore de parler de Connor. Avec le temps, je suis devenue hyper balèze pour jouer à l'autruche, et enfermer les trucs qui font mal dans une petite boîte hermétique. Connor y cohabite donc avec Antonio, Gabriel et Pedro, mes parents, les Barlow, et tous ceux dont j’ai plus aucune nouvelle, ou qui sont morts. Ouais, la boîte commence à avoir une certaine taille, et un poids pas toujours facile à porter. Enfin bref, les Williamson sont arrivés au camping parce que Rebekah était aussi enceinte qu’on puisse l’être, et sur le point d’exploser. Intégrée depuis mon arrivée à l’équipe de l’infirmerie après l’insistance du chirurgien qui la dirigeait, j’ai suivi la fin de grossesse de Reb, et ai appris des tas de trucs bien dégueu sur la façon de mettre au monde un bébé si la méthode traditionnelle fonctionne pas. Enfin, en réalité, j’ai appris des tas de trucs bien dégueu tout court auprès d’Aaron, qui m’a appris à farfouiller dans les chairs humaines, et des actes bien plus techniques que ceux que je savais faire jusqu’à maintenant. Je crois qu’il a tout misé sur la nana qui a pas froid aux yeux, qui a déjà vu des corps défigurés, déchiquetés, désarticulés. Et bon sang, c’était vraiment hyper intéressant. “-Malgré les horreurs qu’on croise dans les rues, pas mal de survivants sont pas fans des tripes, et boyaux. Moi…ça m’a jamais dérangée. Du coup, ma place était toute trouvée à l’infirmerie, et je suis devenue la petite apprentie du médecin en poste là-bas depuis les débuts du camp. C’était un camp pas trop mal…mais…il a connu le même sort que des tas d’autres.” Trahison, chute, morts, fuite. Comme si le monde était destiné à tourner en boucle sur le même foutu refrain depuis que les vidés ont envahi nos rues.
Attrapant gosses et sacs, on a détalé aussi vite et aussi loin qu’on le pouvait. Je sais qu’on avait pas prévu d’y rester pour toujours, mais putain, la chute en était pas moins douloureuse pour autant. J’avais fini par apprécier certains autres survivants, Aaron en tête, et j’ai pas pu l’entraîner avec nous dans notre fuite, je l’ai perdu de vue quand tout s’est emballé. Leo, Ethan, Sam et moi avons donc vite décampé, sans demander notre reste, et aux portes du camping, on est tombés sur Reb, Connor, et la petite. C’était pas trop le temps de tergiverser, alors on s’est tous barrés dans la même direction, et on s’est serré les coudes. On avait appris à connaître les Williamson, ils étaient nos voisins de bungalow, et avoir trifouillé entre les cuisses d’une nana pour mettre au monde son bébé, ça crée des liens. Et puis…malgré ses airs de grosse dure, Reb est une bonne partenaire de survie. Pourtant, malgré nos précautions, Connor s’est fait mordre, et il a fallu lui faire nos adieux. Putain…une seconde d’inattention, et…pfuit, le drame. Bordel de…je sais toujours pas ce qui a merdé ce jour-là, mais ça fait sacrément chier. Pour Connor, bien évidemment. Pour sa façon de me faire sourire même sans le vouloir que je regrette amèrement. Pour Reb, qui va devoir élever leur fille sans lui. Et pour Elisa, qui connaîtra jamais son père.
Après des mois d’une tranquillité durement acquise, on a repris nos habitudes de fuite, de survie sans communauté sur laquelle s’appuyer. On a composé avec nos petits bobos, avec le cœur meurtri de Reb, avec un petit bébé et ses besoins. On était une équipe, et ça fonctionnait bien. Comme si on était complémentaires, et qu’on trouvait notre équilibre dans ce trio qu’on avait pas vu venir. “-Leo a suggéré de venir sur l’île. Je me moquais un peu d’où on allait, à vrai dire. L’île, ou ailleurs, je savais qu’on serait confrontées au même bordel. Je savais juste que je me sentais pas de poursuivre toute seule, ça m’a suffit. Alors, on a marché, direction Joyce.” On s’est dégoté une maison au bord de l’eau pour nous servir de camp de base et lieu de vie temporaire. Trouver un bateau qui avait pas un trou dans la coque, ou qui avait l’air de fonctionner a pas été une mince affaire. Aucune de nous était vraiment experte dans ce domaine. Amasser assez de carburant pour faire la traversée non plus. On a mis un long moment à être parfaitement opérationnelles et de se dire que le moment était venu de prendre l’eau. “-On a débarqué à Sooke. Je sais pas trop si on doit la bonne réussite de notre traversée à la chance ou au bon assemblage de nos connaissances à toutes, mais…on y arrivées. Fatiguées, mouillées, mais vivantes.” Entières. Et sans paumer qui que ce soit au passage. Une vraie victoire.
On a erré pendant plusieurs jours, à marcher sans trop savoir où on allait. Pour le coup, on était totalement en territoire inconnu, alors ça aidait pas. “-On a croisé quelques survivants qui nous ont expliqué qu’ils venaient au port, et nous on parlé de l’île. Puis deux nanas qu’on a vu un autre jour nous on redit plus ou moins la même chose. On savait qu’on pouvait pas rester en pleine nature avec un bébé de quelques mois, alors on a décidé de venir voir si vous existiez, en chair et en os.” Et ô surprise, ils existent. The Empress, qu’ils s’appellent. Un groupe de survivants qui crèche dans un gros paquebot, qui semble avoir des règles de vie bien établies, et plutôt bien réussir sa survie. On a entendu dire qu’ils acceptaient d’autres survivants, et on a découvert ensuite qu’il fallait éviter de venir les mains vides. Et ouais, nos mains à nous l’étaient carrément. En discutant sur le port, on a appris qu’à défaut de leur offrir des marchandises intéressantes, on pouvait toujours proposer de leur rendre un service, pour acheter notre place à bord du bateau.
On en a discuté entre nous, et Rebekah a fini par aller trouver qui de droit, pour dire qu’on voulait tenter notre chance. Et putain…j’espère vraiment que tout se passe bien, et que les filles vont revenir. Victorieuses, ce serait vraiment bien. Mais si c’est pas le cas, tant qu’elles sont entières, je me fous un peu du reste. On trouvera une autre solution. On en trouve toujours une, non ? Mais faut qu’elles reviennent, c’est tout. J’ai pas du tout les épaules pour m’occuper de Sam et Elisa, et veiller sur Ethan en même temps. “-A la question de savoir ce qu’on pourrait apporter à The Empress, la réponse me semble évidente. Leo est une excellente chasseuse. Elle apportera du gibier au groupe, qui en plus de remplir nos assiettes pourra ensuite être troqué sur le marché. Rebekah pourrait réussir à convaincre n’importe qui de lui refiler sa doudoune en pleine tempête de neige, et il lui dirait encore “merci”. Et moi…je suis douée en couture. Surtout sur les corps humains. Je ferai jamais d’opération à cœur ouvert, c’est un fait, mais je sais soigner la plupart des blessures que cause ce nouveau monde.” Dommage que ces arguments aient pas été suffisants pour éviter aux filles de devoir aller se foutre en danger pour nous assurer une place sur le rafiot. Je suis toujours pas hyper convaincue par le bien-fondé de cette décision. La simple perspective de vivre en communauté m’hérisse tous les poils de la nuque. Et pourtant…on en est là. Rebekah et Leo en train de risquer leurs vies, Sam en train d’embêter un Ethan boudeur de pas avoir pu aller avec sa mère, et Elisa lovée contre ma poitrine. “-Tu vois mon petit chat…c’est tout ça que j’aurai raconté à cet Elliott, si c’est moi qui avait été le voir pour nous obtenir une place sur le bateau. Nan mais…tu dors ! Je rêve…aussi insolente que ta mère…même si t’es carrément plus mignonne.” Et ça pour être mignonne, elle l’est. Je resserre un peu plus le porte bébé, et pose une main protectrice au niveau de son dos, alors que mon regard retrouve les garçons. Ça pourrait presque avoir un côté comique de se dire que la première fois que je me confie autant depuis trois ans, je parviens à endormir mon auditoire en moins de deux. Au moins l'avantage, c'est que mes confessions resteront en petit comité, puisque mini Williamson se souviendra de rien. “-Faut croire que je suis plus soporifique que je le pensais. C’est une bonne chose que ce soit ta mère qui soit allée plaider notre cause. Je suis sûre que Leo et elle vont vite revenir.” Enfin, c’est ce que je souhaite très fort, en tout cas. Espérons simplement que tous ces efforts seront payants, et que ce soir, on pourra dormir dans un lit, à l’abri. Un vrai luxe, de nos jours.
Joakim Eriksson
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Ancien métier : Pilote dans l'armée canadienne Occupation : Garde de la petite porte du Sud à la Colonie, en attendant d'obtenir la confiance des autres Statut civil : Fidèle à lui-même Lieu de naissance : Göteborg, Suède
Messages : 778 Inscription : 30/08/2019 Pseudo : FeuilleDeCarotte Autres visages : Noah Lewis - Elijah A. Kinsley - Lucy Murphy Crédits : FDC (vava) FDC (gifs) Présence : Présente mais avec un rythme de mamie Disponibilité : 1/3 Célébrité : Dylan Rieder
Bienvenue à toi sur le forum ! N'hésites pas si tu as des questions et j'ai hâte de découvrir le dernier larron du groupe !
Bon courage !
Logan Dwyerd
Magnificient Loser
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Ancien métier : Professeur d'histoire de l'art et d'arts visuels à l'université de Kelowna Occupation : Trouver une nouvelle maison pour sa famille Statut civil : Papa d'un petit garçon nommé Owen Lieu de naissance : Dans le trou du cul du Québec
Messages : 578 Inscription : 29/09/2019 Pseudo : Khaalou Autres visages : Khaaleb Talarion - Max Stål - June Després - Orla Richter Crédits : Fait maison (avatar) Présence : Présente Disponibilité : Régulière Célébrité : Pablo Schreiber
Bienvenue parmi nous !! c'est toujours un régal de découvrir de nouveaux visages et il me tarde d'en apprendre davantage sur "Ash" !! J'aime beaucoup ce que tu as commencé à construire pour elle !! Bon courage pour le reste de l'écriture et amuse toi bien !!
Florencia A. Mendès
The Wanderer
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Ancien métier : Sous-officier / Corps des Marines des Étas-Unis Occupation : Garde de la petite porte Sud, histoire de faire ses preuves Statut civil : En colocafion Lieu de naissance : San Juan, Porto Rico
Ancien métier : Taxi, hackeuse, fraudeuse, voleuse, pirate Occupation : Tête brûlée, mécano et pilleuse pour l'Empress Statut civil : Amoureuse du danger et de l'interdit (et d'un Daddy) Lieu de naissance : Fort Worth, Texas, USA
Messages : 728 Inscription : 11/06/2020 Pseudo : Naly Autres visages : Ghus, Roy et Ruby Crédits : Chataigna (vavou) ; Caro (gifous) ; Mouette Moqueuse (bannière) Présence : Présente, mais un peu d'attente entre chaque réponse :( Disponibilité : Et je couuuule, je me raccroche à la viiiiiie Célébrité : Nathalie Emmanuel
Ok euh déjà Alycia L'histoire, la plume, l'Empress Je suis beaucoup trop hypée par le personnage que tu dessines !! je vais suivre sa petite construction de près et je viendrai pour un lien
Bienvenue sur wla, amuse toi bien et bon courage pour la rédaction
Erin J. Ashford
The pain doesn't go away
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Ancien métier : Pompier Statut civil : Aussi célibataire qu'on puisse l'être Lieu de naissance : Harlem, Manhattan, New York
Viens ma petite, viens ! Je t'attends à bras ouverts ! Merci pour ton petit mot !
Noah Lewis
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Ancien métier : Pompier en formation Occupation : S'occupe des animaux de la communauté de Babylon en attendant de retrouver ses esprits Statut civil : Le coeur meurtri par le décès de sa Madeline qu'il a dû achever de ses propres mains. Lieu de naissance : San Francisco, USA
Messages : 1556 Inscription : 17/04/2018 Pseudo : FeuilleDeCarotte Autres visages : Elijah A. Kinsley & Lucy Murphy & Joakim Eriksson Crédits : Ethereal (ava) FDC (gifs) Présence : Présente Disponibilité : 2/3 Célébrité : Frank Dillane
J'ai beaucoup aimé ton histoire et ta manière de la rédiger, c'était très original et tellement plaisant à lire ! J'aime d'ailleurs beaucoup Erin
J'ai juste une petite choses à te demander à revoir, concernant ta compétence en arme blanche que je trouve très haute. Je n'ai pas vraiment vu de justification à des points si hauts dans l'ensemble de ta fiche Donc sans justification claires dans la fiche, concernant d'anciens sports ou n'importe, je ne pourrais pas vraiment accepter plus d'un 3 ou 4 Mais maybe j'ai manqué un truc et dans ce cas, je suis totalement open pour en discuter !
Pour le reste c'est tout bon pour moi
Erin J. Ashford
The pain doesn't go away
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Ancien métier : Pompier Statut civil : Aussi célibataire qu'on puisse l'être Lieu de naissance : Harlem, Manhattan, New York
Merci pour ton message ! Ravie qu'Erin te plaise !
J'ai rajouté un petit passage dans ma fiche, je te le mets en spoiler histoire que t'ai pas à chercher dans ma tartine !
Spoiler:
"Même si j’ai toujours eu une condition physique au top grâce au basket, c’était bien au-dessus de ce que je connaissais. Sans un corps en meilleure forme que la moyenne, j'aurais pas pu faire la moitié de ce qui fait le boulot de pompier : impossible de porter un corps ou une charge lourde sans me déglinguer le dos, impossible de défoncer des portes sans y laisser des plumes, impossible de manier haches et hachettes comme on le faisait régulièrement au cours de nos gardes sans se blesser, ou blesser un collègue. Je parle même pas des courbatures que j'ai pu avoir les premières semaines, à force de répéter les mêmes gestes, encore et encore. Car faut pas se fier aux apparences, manier une hache, c'est franchement pas aussi facile que le pensait le bourrin que j'étais, s'imaginant qu'il suffisait de taper vite, et fort. J'ignorais à l'époque que des années plus tard, la hachette qui m'avait sortie de plusieurs situations critiques sous l'action des flammes me sortirait aussi de situations critiques face à des vidés, et malheureusement, d'autres survivants. Pas sûre qu'ils avaient prévu cette utilisation à l'Académie, mais ma foi...ça sauve des vies."
Erin se sert de sa hachette de pompier comme arme principale, et j'avais évoqué le fait qu'elle a utilisé un temps une lance homemade pour défendre son groupe, mais j'avoue que je ne sais pas si ça entre dans la catégorie des armes blanches ou contondantes
Voilà ! Et si besoin, je peux évidement baisser la compétence d'Ash !
Olivia Taylor
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Ancien métier : Agente immobilière à Victoria Occupation : Officiellement, elle joue les occupations pour les clients du « Sea Whisper ». Parfois, il s’agit simplement de tenir compagnie, discuter, remonter le moral, parfois c’est un peu plus, à coup de danse et d’activités plus plaisantes pour les yeux, toujours dans le respect imposé par la politique des lieux. Mais officieusement, elle écoute Olivia, compte les ragots et les chuchotements. Elle joue les oreilles pour sa patronne Farah Hosseini. Statut civil : Divorcée Lieu de naissance : Edmonton, Canada
Messages : 40 Inscription : 16/08/2023 Pseudo : FeuilleDeCarotte Autres visages : Noah Lewis - Elijah A. Kinsley - Lucy Murphy - Joakim Eriksson Crédits : Bambi Eyes (ava), Awonaa (code signa), youngfcs (gifs signa) Présence : Présente Disponibilité : Toujours auch ! Célébrité : Adelaïde Kane
C'est ok pour moi, je te valide Pense juste à remplir ton profil au passage, merci !
Te voilà maintenant officiellement membre de What Lies Ahead ! Nous sommes ravis de t'accueillir parmi nous C'est maintenant l'heure pour toi de te lancer dans la folle aventure du forum ! Nous te recommandons de commencer par créer ton registre de liens. Tu peux également dès maintenant créer un scénario, des pré-liens ou des pnjs au besoin dans cette section. Dans tous les cas, n'hésite pas à venir flooder avec nous, à nous rejoindre sur le discord de WLA ou à voter pour le forum et ramener des copains ! Bon jeu
Abel Howard
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Ancien métier : Ingénieur en bâtiment Occupation : Dirigeant de la Highgate Community, responsable des installations Statut civil : Coeur en hibernation depuis la mort de son fils au début de l'épidémie; à présent effleuré par les aurores boréales Lieu de naissance : Kelowna
Messages : 981 Inscription : 19/03/2020 Pseudo : Semper Eadem Autres visages : Vince Crédits : Semper Eadem (ava) Disponibilité : Pas pour le moment... :( Célébrité : Jake Gyllenhaal